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Édito : La tradition du changement

L’édito du rabbin Delphine Horvilleur.

Une célèbre histoire hassidique raconte comment après la mort du Rebbe, le chef spirituel de la communauté, son fils lui succéda. Interrogé par sa communauté sur tel ou tel point de loi juive, le fils donnait systématiquement des réponses très différentes de celles du père. Troublés par ces bouleversements, les fidèles décidèrent d’interroger le nouveau rabbin sur ce point : « Comment se fait-il que tu sois si différent de notre maître ? ». Il leur répondit : « Au contraire, je lui ressemble en tout point : mon père n’imitait personne et moi non plus ».

Cette anecdote pourrait bien résumer le rapport ambigu que nous entretenons avec l’idée de changement. Nous vivons dans une société qui le chérit et l’encense, y voyant souvent une garantie de progrès et de renouveau salutaire. Il faudrait toujours tout changer et renoncer aux schémas et modes de vie d’hier, au nom d’un mieux-être ou d’un devoir de nouveauté. Le changement, élevé en icône, ne serait que pour le mieux.
Mais simultanément, notre société voue un culte aux valeurs d’antan avec lesquelles rien ne saurait rivaliser. Le discours religieux, dans son expression traditionnelle, en offre l’illustration.

Au nom de la stabilité, il faudrait garder à tout prix intactes les habitudes, figer les uset coutumes ancestraux au nom des traditions préservées.

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