Noémie Sylberg a 39 ans lorsque le cancer, en l’espace de 8 mois, lui arrache Marc, l’amour de sa vie et le père de ses enfants, alors âgés de 5 et 2 ans.
D’aucuns se seraient laissés aller à faire un mélo de cette histoire infiniment triste. Noémie Sylberg, elle, a choisi de témoigner, au sens littéraire du terme, au sens fort, celui qui insuffle un peu de vie à la mémoire.
Son récit gomme toute trace de pathos. Il a l’élégance de ce que l’on nomme l’écriture blanche: les phrases sont brèves et précises, tranchantes souvent, à l’image de celle qui marque l’ouverture véritable de l’ouvrage: “En entrant dans la chambre, je découvre que tu es mort”. Ce rythme imprime une vivacité assez inédite à ce qui est aussi la narration détaillée de chaque moment qui mène un homme à la mort.
Le récit est construit dans un contrepoint permanent: à une anecdote des jours heureux répond brutalement le récit crû de la maladie. Cette conversation intime de l’endeuillée tisse un récit qui est aussi celui de la transmission, de la mémoire et de ce qu’est la judéité.