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Cette semaine, le soleil a disparu, l’eau de pluie goutte sur nos nuques, bottes et parapluies. Veste obligatoire, c’est l’hiver et il fait froid ! Du moins, c’est ce que raconte la chanson חורף (l’hiver) qu’on a chanté à mon école d’hébreu au “jeudi chanson” ou חמישיר (hamishir*). En réalité, il pleut deux heures dans la journée, il fait 15 degrés et l’hiver dure 3 jours.
Cette semaine, il fait donc “froid” et il ne se passe pas grand chose dans le quotidien des Telavivis en doudoune.

Après les grandes émotions des semaines précédentes, le rythme soutenu des libérations d’otages, on ne sait plus vraiment où ça en est. Quand les prochains seront-ils libérés? Qu’en est-il des Bibas? La guerre va-t-elle reprendre? Pourquoi il y a, encore cette semaine, des jeunes soldats de 19 ans qui meurent de chaque côté de la frontière du pays?

© Sarah Ohayon/Tenoua
Comment c’est possible qu’une ancienne otage, Daniella Gilboa, ait la force de chanter à une fête d’anniversaire (celui de Liri Albag) une semaine après sa libération? Une autre, Doron Steinbrecher, a enregistré une vidéo diffusée Place des Otages samedi soir. Elle remercie le “peuple d’Israël” et répète: “Je vais bien”.
Après le rendez-vous hebdomadaire du samedi soir Place des Otages, sur le chemin du retour, on va souvent manger chez Miznon. Et comme d’habitude, samedi dernier, on était assis sur la terrasse de Miznon avec une pita “minute steak”. D’un coup, un gros bruit. Une foule de gens effrayés commencent à courir. Sans vraiment comprendre, on se lève, laissant tout sur place et on se met à courir nous aussi. Dans un moment d’extra-lucidité, je pense à protéger ma tête mais je me dis que c’est certainement une attaque au couteau et qu’il suffit de courir pour être hors de danger. Après avoir dépassé le coin de la rue, on comprend que ça a l’air d’aller, les gens ralentissent, certains rebroussent chemin. On entend dire en hébreu que c’est une fausse alerte. Au moment où l’on retourne s’asseoir, tout a repris normalement, les gens mangent, boivent, rigolent, comme si de rien était. Enfin si, apparemment, quelqu’un est tombé de sa chaise. J’ai pas fini ma pita “minute steak”.
Pourquoi je vous raconte ça? Parce que j’avais totalement oublié cet épisode… c’est dire! En essayant de retracer ma semaine ici, j’ai eu un flash. Est-ce que ça veut dire que c’était un événement complètement insignifiant? Finalement, ça n’aura duré que quelques minutes. Suis-je dans le déni? Pourtant, j’ai bien dormi toute la semaine. Ou simplement, suis-je en train de devenir israélienne? Je laisserai Anna Klarsfeld m’analyser, pendant son cours En Thorapie.

Cette semaine, au-delà d’avoir effacé de ma mémoire une fausse alerte attentat, j’ai quand même essayé de tirer le meilleur de l’hiver Telavivi. J’ai porté mes plus beaux “d’jackets”, dîné dans un nouveau restaurant Thaï à Noga, été au pilates, appris plein de mots de vocabulaire, travaillé (un peu) au studio d’artiste de ma copine Donna et surtout, j’ai commencé à regarder “Hatunami”, la version israélienne de “Mariés au premier regard”. Quoi de mieux qu’un peu de télé-réalité pour plonger, tête la première, dans la culture locale? Je vous en dis plus bientôt.

Cette semaine, c’est l’hiver à Tel Aviv, mais certaines choses ne changent pas: je viens de retrouver par hasard deux copines au café du coin, une qui sort du yoga et une qui va au yoga. J’aime cette ville.
Shabbat shalom
*Pour ceux qui ont suivi, l’article de la semaine dernière parlait du jeudi – חמישי (hamishi) et l’oulpan a eu la brillante idée de contracter le mot שיר (chir – chanson) et חמישי (hamishi – jeudi) pour désigner le moment où on se retrouve tous pour chanter une chanson en hébreu!