Un film de Yossi Aviram, en salle mercredi 28 février
À l’occasion du procès d’un ancien nazi réfugié en Israël en se faisant passé pour juif, Anna espère entendre enfin le témoignage de son père. Elle connaît tous les faits, les dates, le numéro des convois qui ont emmené ses parents vers les camps d’extermination, mais elle souffre de ne jamais avoir pu recueillir le récit de la bouche de son père. Est-ce pour combler ce silence, et le vide laissé par le suicide de sa mère rescapée, que cette écrivaine française produit ses propres récits avec pour toile de fond la Shoah ?
Ori, l’Israélien, fait lui aussi partie de cette deuxième génération qui ne parvient pas à se libérer du poids de la Shoah. Dépressif, voire suicidaire, il projette son désespoir sur ce squelette découvert dans le désert du Néguev et auquel il s’obstine à vouloir redonner une identité et une histoire.
Incarnés par Valeria Bruni Tedeschi et Yona Rozenkier, Anna et Ori se retrouvent au tribunal, lieu du témoignage, de la parole, de la justice rendue. Mais cette plongée dans le passé suffit-elle à éclairer le présent ? Reconstituer l’histoire des parents permet-il de s’en libérer pour vivre enfin sa propre histoire ?
Il n’y a pas d’ombre dans le désert échappe rapidement au genre du film de procès pour nous emmener loin du tribunal et loin de la ville, vers une ébauche de road movie à travers le Néguev. Et c’est là, dans ce désert, que va commencer la véritable histoire, celle qui va s’ancrer non dans le passé et la mort mais dans la vie présente et dans la réalité des sentiments. Lieu de solitude et de silence, le désert va peu à peu devenir, pour Anna et Ori, le lieu de la rencontre et de la libération.
Yossi Aviram filme avec délicatesse des personnages perdus et torturé. Valeria Bruni Tedeschi, qui a co-écrit le scénario, joue avec beaucoup de justesse et une pointe d’humour aux côtés d’un Yona Rozenkier touchant de fragilité. Un film plein de poésie, à voir sans l’ombre d’un doute.