Sept ans après Phénoménologie de la transcendance: création, révélation, rédemption, la philosophe Sophie Nordmann livre le deuxième volume de cet essai.
Dans un ouvrage élégant et concis (l’ensemble des deux volumes réunit un peu moins de 200 pages), nous quittons un peu les champs qu’affectionne la théologie pour zoomer sur une des créatures qui peuplent le monde: l’humain. Dans le premier volume, la philosophe se penchait sur un monde authentiquement créé sur le mode de « l’insuffisance ontologique à soi », un monde dont la création n’avait pas besoin de divin, un monde dont l’incomplétude s’entend nécessairement « en voie de ».
Ici, l’humain en tant qu’être rencontrant l’Humanité qui le place « hors de commune mesure avec tout ce qui est au monde » se trouve tout à la fois être « au monde » et « d’un ordre absolument autre que le monde », porteur d’une ouverture qui prolonge cette idée rédemptrice. « Ainsi, un être du monde qui accède à l’idée d’Humanité sort du monde par la pensée: il porte ses vues ailleurs que dans le champ du monde. Il a en vue autre chose que le monde » – Sophie Nordmann plus loin écrit: « Une fenêtre ouverte sur un horizon autre que le monde ».
Si cette hypothèse peut sembler ardue a priori, Sophie Nordmann livre pourtant un ouvrage qui non seulement fait de la pensée mais également fait penser, un ouvrage à la structure implacablement didactique, rigoureuse et où aucun terme n’est utilisé sans qu’en soit précisément défini le sens qu’il porte dans la démonstration. Et ce cheminement de la pensée rigoureuse conduit à poser une nécessité: « l’impératif du respect absolu de l’Humanité », de celle qui « porte au monde une brèche », « gardienne de l’inachèvement du monde ».
Dans cette Petite Conférence, Delphine Horvilleur, rabbin de JEM et directrice de la rédaction de Tenou’a s’interroge sur la façon dont nous comprenons le monde, et pour cela, sur la façon dont nous le racontons. L’importance du récit, les rabbins la connaissent mieux que personne. Elle évoque donc son métier de femme rabbin. Elle le définit comme un geste d’écoute et d’ouverture envers les autres, à partir de l’étude des récits bibliques. Elle explique comment les récits, les contes, les mythologies, les textes religieux ont mille choses à nous raconter. Comment ils cherchent continuellement à établir du lien entre les générations, à nous dire que la nouvelle génération n’est pas la copie conforme de l’ancienne et que le monde a besoin d’une mise à jour. À chacun de trouver le sens qui lui semble être le bon, car nous pouvons reconstruire le sens de la phrase et le sens du monde, afin qu’il soit pertinent pour nous tous.