Depuis plus d’un an, nous réfléchissons, à Tenou’a, à comment marquer un double anniversaire : cela fait 13 ans que Delphine Horvilleur et moi assumons la rédaction en chef de la revue et 10 ans que Tenou’a est devenue autonome de toute communauté par la création de l’Association Tenou’a.
Et cela fait aussi longtemps que nous discutons des transformations que nous voudrions apporter à Tenou’a. Comment écrire plus et plus souvent ? Comment questionner l’actualité du monde avec le regard de Tenou’a ? Comment créer de nouveaux médias, audio, vidéo, photographiques, artistiques ? Comment être en lien plus quotidien avec vous, amis lecteurs de Tenou’a.
Avec l’horreur et la sidération du 7 octobre, la laideur de la guerre qui dure et de l’antisémitisme qui s’épanouit, il nous est devenu indispensable d’écrire, de penser, de discuter au quotidien, et c’est ce que nous avons fait depuis plusieurs mois sur notre site et nos réseaux sociaux.
Nous en avons discuté, nous nous sommes entourés de conseils amicaux et créatifs pour vous proposer, dans les prochaines semaines, un nouveau média dont nous espérons que sa présence plus quotidienne vous sera aussi utile que plaisante, nourrira vos conversations, vos interrogations, vos réflexions, éblouira vos yeux.
Quel meilleur moment que Pessah, littéralement « le passage », pour mettre en marche ce nouveau média Tenou’a ? Quel meilleur temps que celui-ci pour ouvrir tous les possibles de la création et de la pensée ?
Qu’est-ce qui est différent maintenant ? Qu’est-ce qui a changé et appelle le mouvement par rapport à 10 ou 13 ans en arrière ?
Tout, tout a changé, Tenou’a a changé continuellement, nous aussi, vous aussi, dit la conversation entre Stéphane Habib, Delphine Horvilleur et moi, qui ouvre ce numéro.
Et comme nous avons la chance d’avoir de nombreux et fidèles amis, c’est Anne Sinclair qui a choisi quelques Unes de Tenou’a des dix dernières années pour les commenter tandis que des rabbins de différentes sensibilités du judaïsme expliquent pourquoi ils aiment contribuer à votre revue.
Gabriel Abensour débute notre séder en explorant les « si » de la haggada qui ne mettent pas Paris en bouteille mais les Juifs dans le désert dans les pas de Moïse.
Avec Noémie Issan-Benchimol, nous partons sur la trace de l’étranger, celui que nous côtoyons et celui que nous sommes, aussi. Y compris quand, comme David Isaac Haziza, on aborde l’étude par la fiction littéraire à la recherche de l’afikoman.
Anna Klarsfeld, dans un esprit tout tenouesque, questionne les textes problématiques de notre tradition et ce qu’il faut faire de cet héritage parfois lourd, quand Étienne Kerber nourrit sa sortie d’Égypte des visages multiples et tous essentiels des quatre enfants de la haggada.
Avec Audrey Msellati, nous interrogeons la violence et le pouvoir quand Judith Toledano-Weinberg observe l’apparente ambiguïté entre le désir de liberté toujours affirmé et le confort de l’esclavage dans lequel, parfois, on se complaît.
Enfin, découvrez des haggadot insolites, rebelles, revendicatrices, combattantes ou juste magnifiques, et l’interprétation du « passage » par l’âne biblique et la maîtresse d’école d’Odélia Kammoun. Avant de finir par l’indispensable mais pas toujours rassurante revue des réseaux de Julia Lasry, un entretien tout en intelligence entre Valérie Zenatti et Fanny Arama, et une découverte, accompagnés par Brigitte Sion, du tout nouveau Musée de la Shoah à Amsterdam.
פסח שמח
Joyeux Pessah
Que cette fête de la libération signe celle de tous les otages.