Saviez-vous que Superman est juif ? C’est en tout cas ce qu’affirment de nombreux spécialistes de bande dessinée qui s’amusent à révéler l’identité religieuse des super-héros (ou celle de leurs dessinateurs), comme on compterait le minyan d’une synagogue virtuelle. Le célèbre dessinateur Will Eisner affirme ainsi que « les juifs, persécutés depuis des siècles en Europe, ont eu besoin d’inventer des héros capables de les protéger des forces obscures ».
Et voilà comment des êtres aux superpouvoirs ont incarné en BD une certaine idée juive du messianisme. Tous racontent que pourrait surgir un homme providentiel, humain ou un peu plus que cela, capable de changer le monde ou de nous faire entrer dans une ère nouvelle.
Mais qui donc est ce messie que nous sommes censés attendre ? Sous quelle forme pourrait-il surgir et à quelles conditions ? Sa venue dépend-elle de la volonté de Dieu ou juste de l’action des hommes ? En clair, à qui devons-nous le salut : à une intervention divine surnaturelle ou à un homme providentiel qui surgirait dans l’Histoire ?
La fête de Hanoukka, que nous venons de célébrer, illustre parfaitement ce dilemme : le miracle commémoré est-il celui d’une petite fiole d’huile prodigieuse, ou celui de la victoire de Juda Maccabi sur ses adversaires ? Attendez-vous le messie comme on attend une manifestation surnaturelle… ou faites-vous en sorte qu’il arrive en menant un combat humain pour changer l’Histoire ?
C’est à ces questions que les « super-héros » de ce numéro de Tenou’a tentent de répondre, chacun à leur manière : par l’étude, le conte, le récit théâtral ou la bande dessinée. Voilà comment des superpouvoirs de rabbins, de penseurs, d’artistes, de chercheurs ou d’écrivains peuvent faire naître ici un monde un peu meilleur. Mais si…