Hébreu, langue vivante

POÈME À SEPT VOIX*
JE SUIS SIONISTE, PARCE QUE…#6

Je suis sioniste parce qu’une nuit de septembre 1966 à minuit, j’ai entendu à la radio d’un tout petit pays une voix d’homme faite de souffle et de sable dire « le verset du jour » dans une langue qui m’était encore étrangère. Puis il a souhaité « une nuit de repos de Jérusalem », une musique recueillie et méditative s’est diluée dans le noir du dehors et la radio s’est tue. L’endroit s’appelait « Le seuil de l’espoir », l’hymne s’appelait « L’espoir », j’avais vingt ans à peine et j’avais besoin d’espoir. Depuis, jour après jour, mes pas se sont attachés au destin de cette langue rauque et douce dans ce pays rugueux.
Hier, j’essayais de traduire le titre d’un livre, Min HaMetsar, la tournure m’a guidée vers la Bible où j’ai lu :

Min haMetsar kar’ati Yah De l’étroitesse j’ai appelé Yah
An’ani beMerhav Yah Il m’a répondu au large Yah

En un raccourci fulgurant, des Psaumes au livre de Y. H. Brenner, de
Merhavya au kibboutz de Yaacov Shabtaï, de l’exil à la liberté, j’ai eu
le vertige. Tu te sens à l’étroit ? Prends-le large, va-t’en pour toi, dit
à chaque fois aux humains le Dieu obscur du drame biblique. Jour
après jour, la langue immense de ce tout petit pays me fait prendre
le large vers le monde.

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