כל-נדרי. ואסרי. ושבוי. וחרמי. וקונמי. וקנוסי. וכנויי. דנדרנא.
ודאשתבענא. ודאחרימנא. ודאסרנא על נפשתנא :
Quand je joue le Kol Nidré, je sens le souffle court de mon archet.
Toutes les deux ou trois notes il faut qu’il respire.
Comme s’il ne pouvait pas contenir la longueur de la phrase rythmée par son lent balancement.
Mes respirations sont fragiles, rapides.
Elles entrecoupent la phrase qui, après chaque arrêt, reprend la dernière note pour pouvoir continuer.
Elles sont des hésitations, pas des repos.
Un lieu où se joue le choix.
Le choix de continuer et d’allonger la phrase, de suivre sa longue courbe, sans reprendre mon souffle jusqu’à son écho dans le grave, ou tourner encore et encore.
Plus les silences s’étirent plus les sons trébuchent.
Puis il y a un nouvel envol, mon archet pèse plus profondément dans la corde, mes doigts accélèrent.
Y aurait-il une colère ?
Ce cri, lâché dans le vide, qui reste en suspens ?
C’est le silence
Un long silence.
Le thème revient.
Calmé.
Il est le même mais il sait quelque chose de plus.
Alors, mon archet retrouve son souffle.