Le Lab La parasha d’Odélia – 2
« Si seulement nous sommes assez braves »
Le lendemain de la cérémonie d’inauguration de la présidence de Joe Biden, j’ai consacré un cours à la performance poétique présentée à cette occasion par Amanda Gorman, une jeune écrivaine africaine-américaine jusque là relativement inconnue de notre côté de l’Atlantique. Peu après cet événement, des polémiques ont éclaté en Europe au sujet de l’identité des personnes auxquelles il convenait de confier la traduction des poèmes de Gorman annoncée par plusieurs maisons d’édition. Afin d’échapper aux clivages imposés par les algorithmes des réseaux sociaux pour penser ce qui se jouait dans ces disputes, j’ai alors écrit un essai sur le poème d’Amanda Gorman qui constitue lui-même une forme de traduction. Libre et infidèle, cette traduction commence comme un commentaire de texte et se transforme progressivement en autre chose. Ecrire un texte qui se jouait des frontières discursives habituelles m’apparaissait comme la meilleure façon de rendre hommage au souffle de cette jeune femme, mais aussi à une tradition critique qui, sans être aussi flamboyante, est pourtant bien vaillante. Inspirée par Jane Austen, j’ai donc mobilisé ma raison et mes sentiments afin de faire vibrer, dans la langue française et à travers un imaginaire multiculturel, l’appel au courage par lequel Amanda Gorman a conclu son discours.
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