Michel Kichka: L’autre Jérusalem

Conseils de lecture

Éditions Dargaud, 2023, 19 €

Après Deuxième génération et Falafel sauce piquante, Michel Kichka publie le dernier volet de son récit autobiographique dans un bel ouvrage écrit durant la pandémie.

Contraint pendant des mois à faire les cent pas autour de sa maison à Jérusalem, l’auteur a longuement médité sur son métier de dessinateur. Grâce à cette « autre Jérusalem », ville brûlante soudainement paisible (les Israéliens acceptaient même de faire la queue, c’en était fait de leur « indiscipline légendaire »), nous en récoltons aujourd’hui les fruits.

D’une maladroite insulte raciste proférée sur les bancs de l’école (la première et dernière) à la découverte de la bande dessinée à la suite d’un accident de voiture, de l’amour des Beatles et de Cabu jusqu’à son premier livre, l’auteur déroule le fil de sa vocation : le dessin de presse. La liberté d’expression était la précieuse découverte d’un adolescent en désaccord avec le monde et elle devint le combat d’une vie, pour tous, Israéliens, Palestiniens, religieux ou laïcs.

Dans ce livre de la maturité, on découvre en effet le quotidien engagé d’un citoyen qui « observe en Israélien » et « dessine en Belge » pour résister à l’intégrisme religieux qui menace la démocratie, en Israël comme partout ailleurs. C’est « un mauvais Juif », et fier de l’être, qui défend la liberté de penser et de croire contre l’intolérance, les ghettos intérieurs et leur instrumentalisation politique.

En somme, c’est toute une vie qui nous est contée, une vie à apprendre à dessiner, à écouter les bruits du monde et à en rire, à oser : « On ne me demandait pas d’exprimer mes opinions. J’ai dû apprendre à m’engager ». Le livre dresse le portrait attachant d’un artiste humble et lucide, aussi professeur et père de famille.

Une lecture que vous recommande chaleureusement l’équipe de Tenou’a