Édito : Chaque homme a un nom
L’édito du numéro hors-série Yom HaShoah 2020,
ainsi que la liste des convois lus lors des cérémonies de Yom HaShoah en 2020.
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L’édito du numéro hors-série Yom HaShoah 2020,
ainsi que la liste des convois lus lors des cérémonies de Yom HaShoah en 2020.
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VICTOR PEREZ commence la boxe chez lui, en Tunisie. Lors de son premier combat officiel, il porte un short noir orné, à sa demande, d’une étoile de David. Il part tenter sa chance à Paris à la fin des années vingt. Entraîné par Léon Bellières, il devient champion du monde en battant le tenant du titre mouches, l’Américain Frankie Genaro, par KO après seulement cinq minutes de combat le 26 octobre 1931. La suite de sa carrière est plus aléatoire. Il est arrêté à Paris sur dénonciation à l’automne 1943. Déporté à Auschwitz-Birkenau, Young Perez est affecté au souscamp de Monowitz-Buna ou Auschwitz III. Le commandant de ce camp, Heinrich Schwartz, organise des paris et fait combattre Perez et d’autres déportés boxeurs entre eux et même, dans le cas de Perez, probablement face à un militaire. L’un des 31 rescapés du convoi 60 en janvier 1945, il est assassiné au cours d’une marche de la mort après l’évacuation d’Auschwitz.
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En 1943, Nice, où vit la famille Klarsfled, passe sous contrôle allemand. Il est trop dangereux de tenter de quitter la ville alors Arno Klarsfeld aménage une cache derrière un double-fond dans un placard. « Il nous a dit : “Moi je suis fort, je survivrai, mais vous ne survivrez pas dans les camps où on vous enverra” », nous raconte Serge, son fils. Les Allemands investissent les lieux, accueillis par Arno. Il prétend que sa femme et ses enfants sont à la campagne. Durant quatre mois, Raïssa, la mère et les deux enfants, se cachent à Nice, avant de trouver refuge en Haute-Loire. En 1965, Serge se rend au Mémorial puis à Auschwitz pour retrouver des traces de son père. Arno avait été immatriculé du numéro 159683 et, dès son arrivée, avait assommé un kapo qui venait de le frapper. Envoyé dans un kommando minier de représailles, il meurt au mois d’août 1944, à l’infirmerie ou dans une chambre à gaz.
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De MONIQUE COHEN, nous n’avons presque aucun élément, pas de photographie, pas de récit, si ce n’est celui écrit par son frère Marcel que nous reproduisons ici avec son amicale autorisation. Monique n’avait pas 6 mois lorsqu’elle a été arrêtée et internée à Drancy. Patiemment, l’administration attendit qu’elle atteigne l’âge légal puis elle fut déportée à l’âge de 7 mois et 3 jours vers Auschwitz-Birkenau où elle fut assassinée.
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ARLETTE FARHI est arrêtée chez elle, avec ses parents Léon Yuda et Reyna en pleine nuit. Ils sont d’abord internés au camp de Mérignac en Gironde puis transférés à Drancy. De nationalité turque, le père écrit au consulat de Turquie à Paris. Le consulat turc tente, à plusieurs reprises d’obtenir leur libération, ainsi que celle d’autres citoyens turcs auprès de la préfecture de Gironde et des autorités allemandes. Ils sont déportés le 20 janvier 1944, en même temps que 240 autres Judéo-Espagnols, dont de nombreuses personnes de nationalité turque pour lesquelles le consulat était intervenu.
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LOUISE PIKOVSKY est déportée en même temps que ses parents, Barbe et Abraham, ses sœurs Annette et Lucie et son frère Jean. Depuis l’été 1942, elle entretient une correspondance avec une de ses professeures, Mademoiselle Malingrey. Ses lettres sont retrouvées des années plus tard dans le lycée parisien qu’elle avait fréquenté. Après des années de silence, les mots de la jeune Louise reprennent vie dans les couloirs de l’école où enseignants et élèves connaissent désormais l’histoire de leurs camarades d’antan déportés. La journaliste Stéphanie Trouillard réalise pour France 24, à partir de l’histoire de Louise et de ses lettres, un splendide webdocumentaire : « Si je reviens un jour », ainsi qu’une bande dessinée avec Thibaut Lambert (parue em 2020 chez Des ronds dans l’O).
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ERNEST HEILBRONN a eu quatre enfants. À l’été 1941, il quitte Paris pour Grenoble. Lorsque les Allemands envahissent la zone italienne, il trouve refuge dans la ville thermale d’Uriage où il sera arrêté par des SS dirigés par Alois Brunner, en compagnie de son épouse et bientôt rejoint par sa fille Marcelle. Tous trois furent déportés par le convoi 69 vers Auschwitz et assassinés dès leur arrivée.
Son arrière-petit-fils, François Heilbronn, est aujourd’hui vice-président du Mémorial de la Shoah à Paris. Il nous raconte l’histoire d’un banquier en retraite, d’un patriote dont trois enfants furent d’authentiques héros de la Première guerre mondiale et dont l’un fut tué au combat en 1940, d’un homme rattrapé par les SS d’Alois Brunner et assassiné dans les chambres à gaz de Birkenau.
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Entretien avec David Teboul, auteur de « Simone Veil, L’aube à Birkenau »
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HERTZ GOTFRYD quitte la Pologne pour la France en 1930, à l’âge de 29 ans. Il s’installe à Paris et, lorsqu’éclate la guerre, est incorporé à Auxerre. Recensé comme Juif à Paris après l’Armistice, il passe clandestinement en zone libre à la toute fin de l’année 1941. Assigné à résidence par le préfet du Lot-et-Garonne, il intègre les effectifs de l’usine Lafarge en juillet 1942. Épargné par deux rafles en août 1942 et février 1943, il finit par être arrêté le 9 septembre 1943 et interné au camp de Noé en dépit des protestations de son employeur (voir page 50). Après un passage par Martigues, il est transféré à Drancy en avril 1944, où il reste un mois avant sa déportation par le convoi 73 vers les pays baltes où il est assassiné.
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DORA BENDER avait été confiée, comme ses frères Jacques et Jean et sa soeur Mina, à l’Union Générale des Israélites de France (UGIF) par ses parents. Le père, Josek Chaïm, est arrêté en mai 1941 au cours de la rafle du « billet vert » et transféré au camp de Pithiviers avant d’être déporté vers Auschwitz le 25 juin 1942 par le convoi n° 4. Il y meurt à l’âge de 41 ans. Jacques, Dora et Jean sont arrêtés en juillet 1944 au cours des rafles de la Gestapo dans les centres de l’UGIF à Paris et transférés à Drancy avec leur tante Tauba, ménagère au centre UGIF de Lamarck-Secrétan. Le 31 juillet 1944, Jacques, Dora et Jean sont déportés de Drancy-Bobigny par le convoi n° 77, l’un des derniers en direction d’Auschwitz-Birkenau. Ils font donc partie des dernières personnes à être déportées de France dans des wagons à bestiaux. Tous trois meurent à Auschwitz.*
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CHIL OSTROWIECKI était un de ces Juifs polonais arrivé à Paris par idéal républicain. Arrêté en mai 1941 au cours de la rafle dite « du billet vert ». En fait de rafle, c’est la première arrestation massive de Juifs en France : le 14 mai 1941, 3 747 hommes juifs étrangers répondent à une convocation pour « examen de situation » et arrêtés puis déportés vers des camps du Loiret. Comme plusieurs centaines d’autres Juifs arrêtés à cette date, Chil Ostrowiecki parvient à s’échapper de Beaunela- Rollande mais est repris le 20 août 1941 lors d’un contrôle d’identité dans le métro parisien. Déporté vers Auschwitz par le premier convoi de la Déportation des Juifs de France, le 27 mars 1942, Chil Ostrowiecki et les autres déportés vont être affectés à la construction du camp de Birkenau dans des conditions effroyables. Il meurt au bout de quelques semaines.
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« Je porte en moi tous les morts de cette terrible histoire, et je ne peux rien oublier. Je me sens comme le dibbouk, habitée par ceux que j’aime, et cela m’aide à vivre. »*
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Avec le Mémorial des Nomades de France, Gigi Bonin oeuvre pour une reconnaissance par la France de sa responsabilité dans l’internement des Nomades de France entre 1914 et 1946. Il collecte des témoignages, recherche des documents d’archive et, à l’image du travail mené par Serge Klarsfled et les FFDJF, rédige des notices individuelles de Nomades internés.
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