Qu’est-ce que le projet Aladin ?
Le Projet Aladin, est une Association internationale et multiculturelle de droit français, née en 2009 sous l’égide de la FMS avec le parrainage de l’Unesco. Elle combat l’antisémitisme et le négationnisme dans le monde arabo-musulman, tout en cherchant à reconstruire des ponts entre le monde juif et le monde arabo-musulman. Cette initiative a été lancée à la suite des déclarations et actions négationnistes de l’ancien président iranien Mahmoud Ahmadinejad, et devant le constat de l’ignorance de ces populations sur l’histoire de la Shoah. Tous les projets menés depuis lors, ont un point commun : la transmission de la connaissance et l’éducation.
Quelles sont vos missions actuelles ?
La plus connue consiste à diffuser par Internet et, depuis deux ans, dans des foires du livre du monde arabo-musulman, des œuvres de référence sur la Shoah que nous avons traduites, pour la première fois, en arabe et en persan : Le Journal d’Anne Frank, Si c’est un homme de Primo Levi, La destruction des juifs d’Europe de Hillberg, Shoah de Lanzman, etc. Et nous préparons d’autres projets de livres sur l’histoire des juifs en terre d’Islam.
Nous organisons également des Universités d’été qui rassemblent professeurs et étudiants du pourtour méditerranéen (Turcs, Palestiniens, Israéliens, Marocains, Tunisiens, Syriens), européens (Allemands, Français, Italiens…), et des États-Unis qui, ensemble, étudient et poursuivent ensuite des travaux de recherche.
De même, après le premier symposium international de formation sur la Shoah pour les enseignants de Turquie et d’autres pays musulmans que nous avons organisé l’an dernier à Istanbul, nous préparons, pour 2015, des séminaires du même type au Kazakhstan, en Azerbaïdjan et au Sénégal.
Quel impact ont vos actions dans le monde arabo-musulman ?
L’impact lui-même, face à la mer d’ignorance qui existe sur ces sujets, est difficile à mesurer mais nous avons été les pionniers pour inverser la tendance. Et tant mieux si d’autres ont suivi. D’ailleurs, si on tape Shoah dans un moteur de recherches en persan et en arabe, aujourd’hui notre site est parmi les premiers après Wikipedia, et surtout, les sites négationnistes n’arrivent qu’en troisième page. En 2013, notre site multilingue a compté un million et demi de visiteurs avec plus de 87000 livres téléchargés ; les autres sites d’où peuvent être téléchargés nos livres en Iran et dans le monde arabophone, sont devenus des espaces de discussion et d’échanges. Huit millions de téléspectateurs ont vu Shoah de Lanzmann en Iran et en Turquie, et des centaines d’articles ont été publiés. Selon une enquête menée par Internet, auprès d’environ un millier d’internautes ayant téléchargé nos livres, la plupart disent avoir découvert, à travers nous, l’histoire de la Shoah. Nous y ajoutons aussi des informations sur le judaïsme, l’islam et l’histoire des juifs en terre d’islam. Malheureusement, les autorités iraniennes, en 2014, ont bloqué notre site en persan et seule la bibliothèque en ligne reste accessible.
Encore un mot : pour la première fois, en 2015, nous allons travailler en France, non pas sur le négationnisme et l’enseignement de la Shoah, mais sur l’antisémitisme d’origine islamique ; nous commençons prochainement dans l’Académie de Toulouse avec des formations de professeurs sur la connaissance de l’histoire des juifs en Algérie, au Maroc et en Tunisie, les conditions des émigrations, de leur intégration et l’évolution de leurs relations.
Les valeurs du respect de l’autre, le rejet de la violence, la foi dans le débat et l’éducation existent chez les musulmans comme chez les autres. La force du Projet Aladin, c’est de pouvoir leur donner la parole et de travailler tous ensemble, avec lucidité et détermination.
Pour en savoir plus :
• Le site du projet Aladin : projetaladin.org/
• Les universités d’été du projet Aladin sont visibles en ligne à l’adresse www.iuil.org
• Les livres traduits en arabe, turc et persan sont disponibles au téléchargement à l’adresse www.aladdinlibrary.org/fr