La sachémisation, ou totémisation, est une tradition scoute importée des usages amérindiens dès la fondation du scoutisme en Angleterre et implantée très tôt en France par les Éclaireurs de France. Il s’agit de qualifier son titulaire d’un nom d’animal suivi d’un adjectif, ce nom et cet adjectif devant représenter les qualités morales et/ou physiques du totémisé. Dans certains groupes scouts, le totem peut être plus long qu’un simple nom d’animal et un adjectif, et comprendre également une proposition relative sur les qualités et/ou les défauts du totémisé. Il peut être aussi écourté et ne comprendre que le nom d’animal. Dans la tradition scoute originaire, ce totem est acquis à la suite d’une épreuve initiatique. Le nom de l’animal devient alors une partie officielle connue de tous, l’usage de l’adjectif étant réservé aux autres « totémisés ».
Castor soucieux
C’était le totem de Robert Gamzon, fondateur des Éclaireurs israélites de France (devenus depuis, après la fusion avec la section israélite de la Fédération Française des Éclaireuses, Éclaireurs Israélites de France – EEIF souvent abrégé en EI). Robert Gamzon avait 17 ans quand il créa les EIF en réunissant à Versailles les garçons d’un patronage. Il conçut le projet de créer une Association où les jeunes juifs pourraient, eux aussi, pratiquer le scoutisme.
Certes, les jeunes juifs étaient admis largement dans deux ou trois associations déjà existantes, mais il estimait que, pour un enfant juif, héritier d’un patrimoine incomparable, on ne saurait séparer éducation et judaïsme ; bien au contraire, il entendait user de la méthode de Baden-Powell pour actualiser et exalter la mission d’Israël chez les jeunes.
Mais qui était donc cet homme, capable d’une telle diversité dans l’action, d’une telle influence sur les jeunes de sa génération ? Quel était le moteur profond de ce petit homme sec et nerveux comme un sarment de vigne, aux traits aigus et volontaires, aux yeux vifs et souriants, à la voix chaude et caressante ?
C’était un juif ardent et sincère, animé d’une profonde et fervente vie intérieure. Il était imprégné de notre tradition et la voulait vivante et sans compromis. Edmond Fleg qui l’a aimé et inspiré tout au long de sa carrière, disait un jour que Castor avait créé une nouvelle mystique, un hassidisme moderne.
Castor était aussi et avant tout un homme de cœur tout simplement. Il aimait les hommes profondément, au sens de la Torah ; il avait confiance en eux et pensait qu’ils étaient naturellement bons. Il pensait que tous les désaccords, toutes les haines proviennent d’un défaut de compréhension réciproque et c’est pourquoi tous ses efforts tendaient vers l’harmonie. Son épouse Denise était PIVERT.
Manitou
Si ce totem d’origine indienne également n’est pas explicitement un nom d’animal, il est le nom sous lequel est mieux connu Léon Askenazi. Celui-ci a joué un grand rôle dans la reconstruction du judaïsme français après la Shoah et fut en particulier Commissaire général des EI. Il a su associer la sagesse séfarade et les méthodes ashkénazes d’analyse pour offrir des lectures très modernes de la Bible. Ses « leçons sur la Torah », très marqués par sa pensée profonde et aussi par son activisme sioniste, inspirent souvent les animateurs du cercle d’études du MJLF.
Marmotte
C’est le totem de Daniel Robinsohn qui fut le président des EEIF à la fin des années quatre-vingts, président de la Fédération du Scoutisme français (qui regroupe les associations de scoutisme juive, musulmane, catho lique, protestante et laïque) de 2005 à 2008 ; aujourd’hui président de la Fédération des associations d’anciens du Scoutisme français.
Flamant
Totem du rabbin Sébastien Allali, bien connu au MJLF. Il fut commissaire général des EEIF.