Il retrace l’histoire de Georg Halpern, de sa naissance à Vienne en 1935 aux tentatives de ses parents de retrouver sa trace après la guerre, ne pouvant se résoudre à la disparition de leur unique enfant.
Outre une présentation par Serge Klarsfeld, et sa plaidoirie au procès Barbie en 1987, le livre est principalement composé d’archives et de photographies nous faisant entrer dans l’intimité de la famille Halpern : Georgy dans les bras de sa mère en 1936, allongé sur un transat à Vienne en 1938, Georgy portant un petit chien, se baignant ou faisant du vélo. Les lettres qu’il écrit de la colonie d’Izieu à ses parents racontent son quotidien, une enfance presque ordinaire, la réception des colis, les activités. Et toujours, ce ton rassurant : « je suis bien, je dors bien, on fait des promenades… ».
Deux images apparemment insignifiantes, à la page 35, pourraient résumer à elles seules la Shoah. Sur la première, datant de 1942, Georgy pose souriant devant ses jeunes parents. La deuxième date de 1969. Les parents de Georgy ont vieilli, Georgy est absent de la photographie. La force du livre est de présenter le point de vue de l’enfant et non celui du persécuteur ou des autorités. Son intérêt est de mettre le jeune lecteur face à des données qui lui sont familières — dessins, lettres, photographies familiales —, mais qu’il ne considère pas d’emblée comme des sources à valeur scientifique. L’écolier ne voit pas toujours le lien entre la vie, son histoire et l’Histoire, souvent perçue comme abstraite. Ici, la confrontation entre d’une part, les photos de la vie à Izieu et d’autre part, le texte par lequel le chef de la Gestapo de Lyon annonce la liquidation de la colonie, révèle les rapports de force : l’enfant face à la violence du nazisme. Les documents sont autant d’indices pour découvrir ce qui est arrivé à Georgy. D’eux-mêmes, les élèves cherchent son nom dans le carnet des entrées à Drancy le 8 avril 1944. Ils prennent conscience que le chiffre de 1,5 million d’enfants assassinés pendant la Shoah représente autant d’histoires individuelles. Georg Halpern n’est plus qu’un nom sur une liste, mais un enfant né pour jouer, rêver et rire ainsi qu’il apparaît sur les photographies. De la douceur des images ressort la profondeur de la tragédie.
Georgy, un des 44 enfants de la Maison d’Izieu, présenté par Serge Klarsfeld (publié par les Fils et Filles des déportés juifs de France en 1997) et un livret d’exploitation pédagogique rédigé par l’historienne Fabienne Regard sont proposés dans la mallette L’enfant et la Shoah. À l’exception de l’histoire de Georgy, ce matériel présente des récits de sauvetage et de solidarité pendant la Seconde Guerre mondiale.