Porté par Sarah Barukh, écrivaine, militante et survivante, le documentaire Vivante(s) est diffusé ce mardi 5 mars 2024 à 21 heures par Canal+ lors de sa soirée dédiée à la journée des droits de la femme, vendredi 8 mars. Diffusé en première partie d’une programmation riche, Vivante(s), réalisé par Claire Lajeunie s’inscrit comme un documentaire percutant et essentiel.
125, c’est en moyenne le nombre de femmes qui, chaque année en France, meurent sous les coups de leur conjoint ou ex-compagnon, soit une tous les deux jours et demi, sans compter les milliers de vies abimées et détruites.
Pendant 90 minutes, Sarah Barukh, marraine de l’association “125 et après“, s’adresse à nous, femmes, hommes, citoyens, pour nous interpeler sur les féminicides et les violences conjugales.
Pendant 90 minutes, la voix de Sarah Barukh s’entremêle à celle des victimes aujourd’hui disparues, de leurs proches et des survivantes.
Pinceau à colle à la mains, Sarah Barukh affiche un à un, comme un étendard, les visages de celles tuées, qui tisseront toile de fond à toutes les prises de paroles face caméra. Elle raconte alors sa propre histoire et la progressive prison mise en place autour d’elle, la condamnant insidieusement aux abus, à l’isolement et aux violences. Fort en symboles, le film pousse la voix militante tant par la musique — composition originale par Audrey Ismaël — que par les paroles engagées comme celles de l’association Union nationale des familles de féminicides, de la Maison des femmes ou l’avocate spécialisée en droits des femmes Isabelle Steyer.
En juin 2020, Sarah Barukh fuit son conjoint. Après une énième soirée d’insultes et de violences par son compagnon, elle fuit avec sa fille et trois sacs plastiques en guise de valises. Ce soir-là, elle répètera que l’idée d’être un numéro supplémentaire au décompte macabre des féminicides aura été sa motivation pour se battre, pour ne pas laisser sa famille, sa fille surtout, être réduites à un simple fait divers. La voix parfois serrée, Sarah Barukh raconte la résilience.
Dès les premières minutes, le cadre est posé : une plage où se mêlent le son du vent et le souffle de Sarah. Vivante(s) parle de la réappropriation d’une liberté et d’une parole. Vivante(s) dialogue avec les disparues, initiatrices du mouvement militant “25 et après”, mais aussi avec les survivantes.
Ce déclic est le moteur de son périple. Pendant deux ans, elle écume les journaux à la recherche des identités des femmes derrière les faits divers ou les “crimes passionnels” — appellation qu’elle abhorre. Elle donne naissance au projet “125 et des milliers”, un livre de 400 pages publié aux éditions Harper Collins en 2023, dans lequel les voix plurielles de 125 personnalités racontent ces vies arrachées, entremêlées à la sienne.
Sarah Barukh explique : “Je pourrais dire que j’ai envie de devenir porte-parole, mais en fait elles [les familles des victimes] m’ont désignée porte-parole, et je n’ai pas eu le droit de refuser. Et ça m’a donnée envie d’aller plus loin”.
Durant les années qui suivent, Sarah Barukh se bat et porte le combat pour sa fille, pour la femme qu’elle est, pour toutes les femmes, ces mères, ces filles, ces sœurs, ces amies… “La seule façon pour moi de vivre en paix, c’est d’agir. C’est de faire en sorte d’apporter ma petite contribution pour que les choses changent”, confie-t-elle.
Sur un ton militant, face-caméra, elle aborde ce sujet de manière incisive afin de poser un constat et susciter de vraies réactions et des actions concrètes pour permettre aux victimes de violences conjugales sortir de l’enfer psychologique, souvent aussi physique et sexuel, imposé par leurs bourreaux.
Vivante(s) nous donne à voir ces actions menées, qui montrent que, chacun à notre échelle, nous pouvons changer les choses, comme le résume Sarah Barukh : “Comprendre l’ensemble du problème pour qu’ensemble, on puisse trouver des solutions”.
Elle utilise son expérience comme narratif pour éduquer : dans les unités policières, au sein des entreprises, dans les salles de classe, elle parcourt la France pour offrir de la visibilité à celles qui sont mortes, à celles qui restent. Sensibiliser, déconstruire les clichés pour être en mesure de comprendre, reconnaître et accompagner toutes celles qui sont vivantes et encore sous emprise. Elle tente de “donner des solutions cohérentes et pragmatiques” pour faire sortir ces femmes de leur isolement.
Le documentaire présente tour à tour les différents acteurs de ces projets qui ont donné de leur temps, des ressources, de l’écoute, pour aider concrètement ces femmes et mettre en place de solutions d’urgences, d’accueil ou de refuge. Sarah Barukh veut faire du bruit : “Aujourd’hui j’ai échappé à cette emprise. Cette liberté, j’essaie de m’en servir”.
Avec sincérité et transparence Vivante(s) interpelle la conscience collective, féministe, altruiste, entrepreneuriale, juridique en montrant l’implication personnelle nécessaire de chacun d’entre nous. En sensibilisation dans une multitude de milieux, Vivante(s) nous invite à repenser notre rôle et l’importance de recentrer le débat sur ces vies perdues, sur celles saccagées et sur celles à reconstruire.
Vivante(s) — film réalisé par Claire Lajeunie, produit par L2 Films avec la participation de Canal+, LVMH et du CNC.
Durée: 93 minutes
Diffusion le 5 mars 2024 à 21h10 sur Canal+
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