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Les vins israƩliens

Vous vous souvenez du vin (trop) doux pour le kiddoush, dont la bouteille retournait au rĆ©frigĆ©rateur une fois le rituel hebdomadaire accompli, avant d’être ressortie le vendredi suivant ? Jusqu’à une pĆ©riode rĆ©cente, on associait le vin israĆ©lien Ć  un commandement religieux mais certainement pas Ć  une expĆ©rience œnologique. Qu’importe l’ivresse, pourvu qu’on ait le flacon, estampillĆ© kasher. Mais pourquoi cĆ©lĆ©brer le Shabbat et les fĆŖtes avec de la piquette sucrĆ©e ? Et pourquoi ne pas faire du nectar de la vigne un plaisir gustatif aussi en dehors du calendrier juif ?

PubliƩ le 20 mars 2020

3 min de lecture

Ā© Shahar Marcus and Nezaket Ekici, Salt Dinner, 2012, video, 3.14 mins.
Photo by Maya Elran
Courtesy of the artists and Braverman Gallery, Tel Aviv

La premiĆØre exploitation viticole, Carmel, fut Ć©tablie en 1882 Ć  Rishon LeTzion et Zikhron Ya’akov grĆ¢ce au Baron Edmond de Rothschild, propriĆ©taire du domaine ChĆ¢teau Lafitte‐​Rothschild Ć  Bordeaux. Carmel reste le premier producteur de vin d’IsraĆ«l. ƀ l’époque, peu de diversitĆ©, une qualitĆ© variable, mais une quantitĆ© importante pour rĆ©pondre aux besoins sacramentels. C’est seulement dans les annĆ©es 1990 que des viticulteurs et œnologues israĆ©liens se sont intĆ©ressĆ©s sĆ©rieusement Ć  dĆ©velopper la viticulture locale sur trois fronts : formation de pointe Ć  l’étranger ; diversification des cĆ©pages ; et dĆ©veloppement de la viticulture dans tout le pays, y compris dans le NĆ©guev et le Golan. 

La formation, d’abord : des IsraĆ©liens sont partis apprendre le mĆ©tier en France, en Australie et en Californie, mais des experts de ces rĆ©gions sont aussi venus en IsraĆ«l pour conseiller quant au dĆ©veloppement de nouvelles technologies. La premiĆØre exploitation viticole Ā« boutique Ā» (c’est-Ć -dire produisant moins de 80000 bouteilles par an), Margalit Winery, est Ć©tablie en 1989. ƀ partir de lĆ , d’autres viticulteurs se lancent dans des rĆ©gions du pays encore inexploitĆ©es pour la vigne : la GalilĆ©e (y compris le plateau du Golan), dont l’altitude, le vent, la tempĆ©rature et la richesse du sol prĆ©sentent des conditions idĆ©ales (41 % de la production); la rĆ©gion de JĆ©rusalem et les collines de JudĆ©e (10 %); la rĆ©gion de Samson (Shimshon), situĆ©e entre les collines de JudĆ©e et la plaine cĆ“tiĆØre (27 %); Shomron, la rĆ©gion historique autour du Mont Carmel et de Zikhron Ya’akov (17 %); le NĆ©guev, un dĆ©sert semi‐​aride qui a verdi grĆ¢ce Ć  l’irrigation au goutte‐​à‐ goutte (5 %). Au total, ce sont 5500 hectares qui sont dĆ©volus Ć  la viticulture. Au dĆ©veloppement gĆ©ographique favorisĆ© par des conditions climatiques exceptionnelles s’est ajoutĆ©e l’inventivitĆ© technologique : outre l’irrigation ultra‐​prĆ©cise, un savoir‐​faire importĆ© et la diversification des cĆ©pages. Si le vin doux et bon marchĆ© de votre enfance Ć©tait constituĆ© de Carignan et Colombard, les vins d’aujourd’hui font Ć©cho aux variĆ©tĆ©s connues de partout, comme le cabernet sauvignon (19 % de la production), le merlot (12 %), le chardonnay et le sauvignon blanc. La recherche et l’expĆ©rimentation ont permis de dĆ©velopper en outre des cĆ©pages intĆ©ressants, comme la syrah, le petit verdot, ou la petite syrah (durif). La proportion de vin rouge est Ć©crasante Ć  65 %, contre 15 % pour le blanc, 8 % pour le mousseux, 2 % pour le rosĆ© et 11 % pour le vin doux (on ne change pas les habitudes sĆ©culaires…). Il faut dire que la consommation annuelle israĆ©lienne reste relativement modeste : 5 litres par habitant (contre 43 en France). 

D’aprĆØs le site wines-israel.com, IsraĆ«l comptait, en 2018, soixante‐​dix exploitations viticoles importantes (dont douze produisent plus de 95 % du vin israĆ©lien, mais pas nĆ©cessairement le meilleur). Le nombre de petites exploitations Ā« boutique Ā» a explosĆ©, avec plus de 250 noms. Et aujourd’hui, ce sont ces petits producteurs qui font le meilleur vin, celui qui gagne des mĆ©dailles aux concours internationaux de dĆ©gustation, celui qui dĆ©croche les meilleures notes dans les guides de Robert Parker ou d’Oz Clarke et qui reƧoit les faveurs des menus dans les restaurants Ć©toilĆ©s des chefs israĆ©liens. Ces petits labels commencent Ć  se faire connaĆ®tre Ć  l’étranger car ils font partie des 20 % de la production totale qui est exportĆ©e (un chiffre d’affaires annuel de 50 millions de dollars en 2018, contre 8,01 millions en 2001). Plus de la moitiĆ© des exportations de vin israĆ©lien partent en AmĆ©rique du Nord (Ɖtats‐​Unis et Canada), puis en France, au Royaume‐​Uni, en Pologne, en Allemagne et… en Asie.
Et la kashrout dans tout Ƨa ? Aujourd’hui, 95 % des vins israĆ©liens sont kasher, c’est-Ć -dire qu’ils sont produits sous surveillance rabbinique jusqu’à la mise en bouteille. Mais seuls 10 Ć  15 % du vin produit est fabriquĆ© Ć  des fins strictement religieuses, avec le certificat mevoushal, c’est-Ć -dire Ā« cuit Ā», puisque le vin est chauffĆ© Ć  100 degrĆ©s centigrades l’espace d’un instant. Son goĆ»t est nettement altĆ©rĆ© par ce processus de pasteurisation mais il est rĆ©servĆ© Ć  des buts sacramentels (fĆŖtes et cĆ©lĆ©brations religieuses). Il vise une clientĆØle religieuse qui exige aussi que le vin mevoushal soit servi par des Juifs religieux. C’est un petit marchĆ©, tenu par les gros producteurs, qui maintient ses caractĆ©ristiques propres et qui n’est pas affectĆ© par les visions entrepreneuriales et gastronomiques des nouveaux venus sur la scĆØne du vin de qualitĆ© supĆ©rieure pour les palais raffinĆ©s.
Alors, pour votre prochain dĆ®ner, si vous essayiez un petit verdot du Neguev ?