Bien que ce ne soit pas une conviction très répandue parmi les juifs, il existe bien des raisons pour lesquelles les juifs devraient être végétariens.
La consommation massive de viande et la façon dont cette viande est produite actuellement vont à l’encontre du judaïsme dans au moins six domaines :
– Le judaïsme stipule que les hommes doivent être particulièrement attentifs à préserver leur santé et leur vie. Or de nombreuses études scientifiques ont prouvé le lien direct entre un régime alimentaire carnivore et les pathologies cardiovasculaires, les AVC, plusieurs formes de cancer ainsi que d’autres maladies chroniques dégénératives.
– Le judaïsme interdit tsa’ar ba’aley hayyim, d’infliger une souffrance inutile à l’animal. Or la plupart des animaux d’élevage – y compris ceux destinés au marché kasher – sont élevés dans des « fermes usines » où ils vivent dans des espaces exigus et confinés, où ils sont souvent drogués ou mutilés et où ils sont privés d’accès à l’air frais, à la lumière du soleil, à l’exercice et aux plaisirs de la vie, avant d’être abattus et mangés.
– Le judaïsme enseigne que « la terre appartient à l’Éternel » (Psaume 24:1) et que nous devons être les partenaires et les collègues de Dieu dans la préservation du monde. Or l’élevage intensif moderne contribue significativement au changement climatique, à l’érosion et à l’épuisement des sols, à la pollution de l’air et de l’eau, à l’abus de pesticides et fertilisants chimiques, à la destruction des forêts tropicales et d’autres écosystèmes et à bien d’autres dégâts environnementaux.
– Le judaïsme prescrit bal tashhit, de ne pas gaspiller ni détruire inutilement quelque chose de quelque valeur que ce soit, ni d’utiliser plus que nécessaire. Or l’élevage nécessite un usage déraisonnable de céréales, de terre, d’eau, d’énergie et d’autres ressources.
– Le judaïsme insiste sur notre devoir d’aider l’indigent et de partager notre nourriture avec ceux qui ont faim. Or plus de 70 % des céréales cultivées aux États-Unis servent à nourrir des animaux destinés à l’abattage, alors même que des millions de gens à travers le monde meurent de faim chaque année et que près d’un milliard d’humains sur terre souffrent de malnutrition chronique.
– Le judaïsme nous demande de rechercher et d’agir pour la paix et affirme que la violence résulte des injustices. Or les régimes alimentaires carnivores, en nécessitant le gaspillage de précieuses ressources, participent à perpétuer la faim et la pauvreté endémiques qui finissent par conduire à l’instabilité et à la guerre.
En connaissance de ces prescriptions juives de préserver la santé humaine, de s’occuper du bien-être animal, de protéger l’environnement, de préserver les ressources, d’aider les affamés à se nourrir et de rechercher la paix, et puisque les régimes alimentaires carnivores violent et contredisent chacun de ces principes, les juifs qui se sentent impliqués (et les autres aussi) devraient réduire drastiquement ou abandonner leur consommation de produits d’origine animale.
Par ailleurs, le régime végétalien est manifestement le régime alimentaire juif idéal dans la mesure où il est celui des deux périodes idéales : celle du Jardin d’Éden et celle des temps messianiques.
En Genèse 1:29, il est dit : « Dieu ajouta : “Or, je vous accorde tout herbage portant graine, sur toute la face de la terre, et tout arbre portant des fruits qui deviendront arbres par le développement du germe. ils serviront à votre nourriture.” ».
Pour le rabbin Abraham isaac Hakohen Kook, premier Grand rabbin en Terre d’israël sous mandat britannique, ce régime est celui des temps messianiques comme il est dit en Isaïe 11:6-9 : « Alors le loup habitera avec la brebis, et le lion reposera avec le chevreau (…) plus de violences sur toute ma sainte montagne. »
Enfin, l’adoption d’un régime végétalien est particulièrement importante aujourd’hui pour mettre fin aux pandémies régulières qui affectent les juifs comme les autres, et pour aider à éviter une catastrophe climatique et réduire les autres menaces environnementales qui pèsent sur l’humanité. À titre d’exemple de l’impact significatif de l’élevage sur l’environnement, un rapport de la FAO de 2006, L’ombre portée de l’élevage, montre que cette agriculture émet plus de gaz à effets de serre que toutes les voitures, bateaux, avions et autres modes de transports du monde combinés.
Tout ceci montre qu’il est essentiel que les juifs deviennent aujourd’hui végétaliens afin de revitaliser le judaïsme en montrant la pertinence de ses valeurs éternelles face aux problèmes contemporains, et afin de participer à amener notre planète en péril sur un chemin durable.
Traduit de l’anglais par Antoine Strobel-Dahan