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Décryptage : les enquêtes israéliennes sur le 7 octobre

Depuis le 7 octobre, la société israélienne, abasourdie et horrifiée, se demande comment on a pu en arriver là, ce qu’il s’est passé, côté israélien. Si le gouvernement et la Knesset ont rejeté l’idée d’une commission d’enquête d’État, plusieurs services israéliens ont mené leurs propres enquêtes et rendu des rapports dont certaines conclusions ont été publiées.

Publié le 4 avril 2025

12 min de lecture

Carte des lieux ayant fait l’objet d’enquêtes de l’armée israélienne après les attaques du 7 octobre 2023

Pour accéder directement au résumé d’une enquête, utilisez les liens ci-dessous
L’enquête générale de l’armée
L’enquête du Shin Bet
L’enquête de l’armée spécifique à la base militaire de Nahal Oz
L’enquête de l’armée spécifique au kibboutz Be’eri
L’enquête de l’armée spécifique au kibboutz Nir Oz
L’enquête de l’armée spécifique au kibboutz Kfar Aza
L’enquête de l’armée spécifique au point de passage d’Erez
L’enquête de l’armée sur le festival Nova à proximité de Re’im
Les refus gouvernementaux répétés d’une commission d’enquête d’État


L’enquête générale de l’armée

Publiée en février 2025, cette enquête générale tente de comprendre les échecs du 7 octobre 2023, quand plus de 5000 terroristes (selon les estimations) sous la direction du Hamas ont tué 1200 personnes en Israël et en ont enlevé 251.

L’enquête pointe des manquements majeurs de l’armée dans les années qui ont précédé l’attaque, dans les heures juste avant et durant l’attaque. Cela commence par une mauvaise interprétation des renseignements disponibles depuis plusieurs années, par une confiance excessive des militaires dans leurs équipements, procédures et systèmes d’alerte, par le faible nombre de troupes présentes sur place le 7 octobre, et par l’incapacité de l’armée à comprendre ce qui se déroulait durant l’attaque.

Dans une première partie, l’enquête conclut que, des années durant, l’armée a considéré le Hamas comme une menace faible sans volonté ni capacité d’une attaque d’envergure contre Israël.
Dans le même esprit, le document souligne que le plan d’attaque du 7 octobre était connu de l’armée mais avait été jugé irréaliste et irréalisable, d’autant que Sinwar était considéré comme un pragmatique.
La nuit précédant l’attaque, l’armée capte plusieurs signes d’activité intense du Hamas mais ne croit pas à l’imminence d’une attaque. Selon le document, cette lecture des choses et les décisions qui en découlent sont le fruit d’années de regard erroné sur le Hamas. 

Enfin, l’enquête souligne le brouillard total qui entoure les haut‐​gradés de l’armée durant l’attaque elle‐​même : ils ne comprennent pas l’ampleur de l’attaque, ne comprennent pas que la division “Gaza” de l’armée est tombée (elle sera défaite durant plusieurs heures, submergée par le nombre d’assaillants gazaouis).
L’armée a mis en place une section de son site web (en hébreu) pour présenter au public les éléments et conclusions après leur publication.


L’enquête du Shin Bet

Le 4 mars 2025, le service de renseignement intérieur israélien, appelé Shin Bet ou Shabak (שב’’כ) publiait son rapport d’enquête sur les événements du 7 octobre. Seul un court résumé est rendu public (en hébreu) par le chef du service, Ronen Bar, mais il est suffisant pour prendre la mesure des défaillances, puisqu’on y lit notamment que, si le Shin Bet « avait agi différemment (…) au cours des années précédentes et dans la nuit précédant l’attaque, ce massacre aurait pu être évité ».
Le service secret met aussi en cause directement le gouvernement israélien qui lui a refusé la possibilité d’éliminer des responsables du Hamas à Gaza pour tenter d’acheter une forme de paix sociale, notamment après l’opération « Gardien du mur » en 2021 et ce malgré la recommandation par le Shin Bet d’une « politique proactive » et les plans transmis à cet effet. 

Dans le document, Bar liste les défaillances ainsi :
« Dès la matinée du 7 octobre, j’ai dit à mes collègues du QG que l’histoire jugerait le Shin Bet sur quatre points :
1. La capacité à alerter pour empêcher le massacre — nous avons échoué.
2. La capacité à arrêter l’attaque — nos agents ont combattu avec bravoure, parfois seuls, parfois aux côtés de l’armée et de la police, pour empêcher une invasion encore plus large.
3. La contribution à l’effort pour inverser la situation face à l’ennemi — le Shin Bet a significativement aidé l’effort national et militaire.
4. Les valeurs guidant notre travail : recherche de la vérité, camaraderie, et transparence. »

Il va plus loin en analysant les causes structurelles de la montée en puissance du Hamas :
«  - Politique du “calme en échange d’argent” qui a permis au Hamas de se renforcer drastiquement.
- Transfert massif de fonds qatariens à la branche armée du Hamas.
- Érosion progressive de la dissuasion israélienne.
- Volonté israélienne de ne pas provoquer de nouveaux conflits (pas d’initiatives offensives).
- Perception que la société israélienne est affaiblie par ses divisions internes. »

Surtout, Bar souligne que, malgré l’interception du plan d’attaque du Hamas par deux fois, en 2018 et en 2022, cette menace n’a jamais été considérée sérieuse ni imminente. D’autant plus que « de nombreux signaux faibles ont été mal interprétés à l’approche du 7 octobre ».

Il finit sur un constat amer : « Le Shin Bet a échoué à alerter sur l’ampleur et la nature de l’attaque du Hamas le 7 octobre. L’alerte transmise cette nuit-là n’a pas été traduite en directives opérationnelles efficaces ».

Tenoua a utilisé l’IA pour faciliter la traduction intégrale de ce document, que nous mettons à votre disposition ici


L’enquête de l’armée spécifique à la base militaire de Nahal Oz

Début mars 2025, l’armée rendait publique son enquête sur l’assaut de la base militaire de Nahal Oz, le 7 octobre 2023. 215 assaillants dirigés par le Hamas ont mis en échec les troupes stationnées dans cette base située à 850 mètres de la bande de Gaza et y ont tué 53 soldats dont 16 observatrices et en ont enlevé 10 (dont 7 observatrices). Sur les 162 militaires présents, seuls 90 étaient armés (dont 9 personnels non combattants) mais ils n’ont pas pu repousser la première vague de 65 terroristes.
L’enquête pointe, outre l’absence d’alerte ce matin‐​là, l'impréparation totale de la base : pas de protocole de protection des soldats non‐​combattants, rien de prévu en cas de tirs de roquettes sur la base, aucun exercice de simulation d’attaque dans les années précédant le 7 octobre, un seul garde en poste devant l’entrée principale de la base (du côté opposé à Gaza). Durant l’opération militaire à Gaza, les troupes israéliennes ont trouvé des documents très détaillés sur les failles de sécurité de Nahal Oz que le Hamas avait patiemment et méthodiquement accumulés : emplacement des abris, nombre de soldats réduit de moitié le weekend, nombre de personnels armés et types d’armes, emplacement des caméras, des générateurs, de la salle de crise et même de la chambre du commandant de la base.
Les renforts ne sont arrivés qu’après 13h30 et ce n’est que vers 17 heures que la base a été déclarée sécurisée.


L’enquête de l’armée spécifique au kibboutz Be’eri

En juillet 2024, l’armée remet les résultats de sa première enquête, celle concernant cette petite communauté de 1000 habitants à proximité immédiate de Gaza. 132 personnes sont mortes durant l’attaque de ce kibboutz et 32 ont été prises en otage.
Cette enquête explique que l’armée « a échoué dans sa mission de protection des habitants de Be’eri », notamment parce qu’elle n’avait jamais envisagé un tel scénario. À tel point qu’en dépit des informations répétées dans la journée par les gardes de sécurité du kibboutz, l’armée ne parvient pas à comprendre ce qu’il s’y joue avant l’après-midi du 7 octobre – l’attaque a débuté vers 7 heures le matin. Des unités variées se sont rendues sur place, mais faute de commandement unifié, elles ne se sont pas coordonnées et ont parfois « attendu leur commandant » à l’extérieur. L’enquête souligne l’efficacité et l’héroïsme des habitants du kibboutz et des gardes de  sécurité qui se sont battus des heures durant, empêchant un bilan encore plus lourd. On y lit que durant les 7 premières heures de l’attaque, ce sont seulement 13 habitants ou gardes et 13 militaires (de l’unité Shaldag, arrivés vers 9 heures) qui combattent seuls plus de 300 terroristes. On sait aussi que 5 policiers armés sont entrés dans le kibboutz vers 7h30 avant de repartir aussi vite et sans qu’on ne sache vraiment de qui il s’agit ni où ils sont allés ensuite. Entre 11h30 et 12h15, des pillards civils gazaouis et les deux unités du Hamas qui étaient au festival Nova arrivent sur place. Dans l’après-midi des parachutistes du 890e bataillon entrent dans le kibboutz sans coordination avec les troupes déjà présentes. Vers 16 heures, des membres de l’unité de police Yamam ouvrent le feu au missile portatif sur une habitation, ignorant que s’y trouvent, en plus des terroristes, des otages. Une fois l’information connue, il est décidé de tirer depuis un tank à proximité de la maison. Un de ces projectiles tue indirectement (shrapnel) un otage de 68 ans. Les troupes entrent dans la maison vers 20 heures et un seul otage survit aux échanges de tirs. La plupart des civils sont évacués vers 18 heures mais les combats se poursuivent jusqu’à au moins 22 heures. Les derniers civils sont évacués vers 5 heures du matin le 8 octobre. Dans un communiqué délivré en même temps que les résultats de l’enquête, le chef d’état‐​major de l’armée Herzi Halevi (qui a démissionné en mars 2025) déclare que cette enquête « illustre clairement l’ampleur de l’échec et les dimensions du désastre qui a frappé les habitants du sud, lesquels ont protégé leurs familles de leur propre corps pendant de longues heures, alors que Tsahal n’était pas là pour les défendre ».


L’enquête de l’armée spécifique au kibboutz Nir Oz

Mi‐​mars, l’armée rendait publiques les conclusions de son enquête sur l’attaque du kibboutz Nir Oz le 7 octobre 2023. Ce sont 700 terroristes qui envahissent ce kibboutz où se trouvent 386 habitants et y tuent 47 personnes (dont 6 festivaliers de Nova qui pensaient y trouver refuge) et en enlèvent 76 (dont 22 sont morts)

Aucun militaire n’est entré dans Nir Oz avant le départ des assaillants. Sur la chaîne de télévision israélienne Arouts 12, le chef d’état-major de l’armée Herzi Halevi ( qui a démissionné en mars) déclarait : « Je le dis à chaque conversation que j’ai avec les commandants, pour que tout le monde dans Tsahal s’en souvienne : le premier soldat est arrivé à Nir Oz après le départ du dernier terroriste (...).  C’est une déclaration terrible et accablante, et nous la répétons pour qu’elle soit gravée dans la conscience de Tsahal ».
L’enquête précise que cette absence de toute présence militaire explique la présence d’un si grand nombre de terroristes qui se sont sentis libres d’aller et venir. C’est aussi ce que montre un autre fait singulier : le Hamas a pris le temps de récupérer les cadavres de ses hommes avant de quitter le kibboutz – un seul corps de terroriste sera retrouvé sur place. L’équipe de sécurité du kibboutz, sous‐​dimensionnée, s’est « battue avec bravoure » durant deux heures avant d’être défaite, ajoute l’enquête qui précise que « sans l’appui des forces militaires, même une équipe locale élargie de sécurité n’avait aucune chance face à une force ennemie d’une telle ampleur ».
L’information, pourtant, ne manquait pas : grâce à des caméras de sécurité, le commandement central de l’armée voyait en direct des dizaines de terroristes aller et venir entre Gaza et le kibboutz, et les habitants du kibboutz n’ont cessé d’envoyer des appels à l’aide. L’enquête assène, amère, que l’échec de l’armée est « particulièrement massif, en partie parce que les forces de Tsahal n’ont pu atteindre la communauté qu’après le départ des derniers terroristes. En réalité, les terroristes ont perpétré leurs atrocités dans le kibboutz presque sans aucune interruption ». Et ajoute que « l’échec de cet épisode réside dans le fait que le commandement n’a pas compris que la situation à Nir Oz était particulièrement grave, que des massacres et des enlèvements à grande échelle s’y déroulaient, et qu’en conséquence, l’envoi de forces vers Nir Oz n’a pas été priorisé par rapport à d’autres lieux ».


L’enquête de l’armée spécifique au kibboutz Kfar Aza

Tôt le 7 octobre, 250 terroristes envahissent le kibboutz Kfar Aza, à proximité immédiate de la frontière. Ils y massacrent 80 personnes et en enlèvent 19. En mars 2025, l’armée rendait publique une partie des conclusions de son enquête sur cette bataille.
Si la première brèche dans l’enceinte du kibboutz est constatée à 6h50, six terroristes, arrivés par les airs en ULM, se trouvent déjà dans le kibboutz depuis 6h42. Un tank de l’armée arrive à proximité du kibboutz vers 7h25 et empêche plusieurs terroristes de rejoindre l’attaque, jusqu’à ce qu’il soit appelé ailleurs à 10h20. Vers 8 heures, 7 des 14 membres de la sécurité du kibboutz sont tués et un huitième blessé.
Les troupes arrivent au compte-goutte : 18 soldats vers 8h30, 3 à 8h40, 5 vers 9h45, 25 vers 10h35, etc. jusqu’à atteindre 765 militaires sur site vers 18h30 et plus de mille à la nuit tombée. 

Le premier enseignement est que les habitants de Kfar Aza ont été absolument seuls durant les deux premières heures de l’attaque, l’armée peinant à rejoindre le kibboutz et ses 950 habitants. La bataille de Kfar Aza a ceci de particulier qu’elle est celle qui durera le plus longtemps (jusqu’au 10 octobre après‐​midi), des terroristes s’étant retranchés dans des habitations. Contrairement à la situation de Be’eri, Kfar Aza ne disposait pas d’importants dispositifs de sécurité : barrière de protection basique, peu de caméras, des armes maintenues sous clé, pas de talkie‐​walkies, etc. Ce manque de coordination a également touché les premières troupes sur place qui étaient retenues dans d’autres secteurs du kibboutz tandis que les terroristes tuaient et enlevaient de nombreux résidents dans le quartier des jeunes familles (où les premiers militaires n’arrivent que peu avant 13h, alors que des dizaines de civils ont été tués et les 19 otages emmenés. Les 23 autres unités arrivées sur place dans la journée ne se sont pas mieux coordonnées jusqu’à la nuit du 7 au 8. Les civils ne commencent à être évacués que vers 23 heures le 7 octobre. Après l’élimination du dernier terroriste le 10 octobre à 17h30, une centaine de corps de terroristes sont trouvés dans le kibboutz et une cinquantaine autour. 


L’enquête de l’armée spécifique au point de passage d’Erez

Fin mars 2025, l’armée a présenté son enquête sur l’attaque du point de passage d’Erez le 7 octobre 2023. En deux vagues successives environ 120 assaillants ont attaqué le point de passage et la base militaire attenante, tuant 9 soldats et en enlevant trois. Les installations sont tombées très rapidement aux mains des terroristes.
La première leçon de l’enquête est que les troupes présentes dans la zone n’auraient pas été en mesure de résister même à une attaque de moindre envergure, et ce d’autant plus que les militaires présents n’étaient pas formés à repousser une attaque contre les installations. Il s’est passé presque 30 minutes entre le moment où les premiers terroristes ont été vus au point de passage d’Erez et celui où ils se sont infiltrés, mais ce temps n’a pas été mis à profit pour organiser la défense du site. L’enquête pointe l’absence de commandement et le fait que les soldats ont réagi de façon autonome.
Parmi les autres manquements, un abri anti‐​bombe était fermé à clé parce qu’il avait été converti en bureaux et certains soldats ont dû se cacher dans des tuyaux de béton. Ce sont finalement le courage des troupes dès le début et les frappes aériennes menées sur la zone qui ont “permis de sauver de nombreuses vies et d’éviter des dégâts plus étendus” et “ont neutralisé l’infiltration de plusieurs dizaines d’autres terroristes”, explique l’enquête.


L’enquête de l’armée spécifique au festival Nova à proximité de Re’im

378 personnes ont été tuées sur le site du festival Nova ou à proximité, et 44 ont été enlevées (dont 17 sont toujours otages à Gaza). Cette enquête est présentée aux familles des victimes de Nova depuis le 30 mars. À l’issue d’une présentation le 2 avril, le forum des familles d’otages a déclaré que cette enquête était « superficielle » et contenait des faits « au mieux inexacts, au pire mensongers ». Un sentiment encore renforcé par le fait que, Tsahal ayant choisi de morceler ses enquêtes, certaines zones de massacre de festivaliers, plus au nord ou plus au sud, où ils ont été tués dans leur fuite ou tandis qu’ils se cachaient (comme dans les abris anti‐​roquettes), ne sont pas couvertes par cette enquête. 

On y apprend, en premier lieu, que la police a autorisé la tenue de ce festival à proximité immédiate de Gaza sans l’accord et même contre la recommandation initiale de la hiérarchie militaire. Un accord oral aurait finalement été donné par l’armée mais sans que celle‐​ci ne prenne de mesures pour renforcer la sécurité autour du site, ni même n’installe de haut‐​parleurs pour diffuser les sirènes en cas de besoin. Autour des 4000 festivaliers et personnels, seuls 31 policiers munis d’armes de poing et 70 gardes de sécurité non armés. C’est Nivi Ohana, le chef de la police d’Ofakim qui dirigeait sur place et qui prend la décision, à 6h35 le samedi matin, d’interrompre l’événement et de faire évacuer le site. De nombreux festivaliers seront tués lors de leur fuite sur les routes vers le nord ou le sud, obligeant les festivaliers à revenir vers le site initial. Une grande partie est sauvée en empruntant un chemin vers l’est tandis que d’autres restent sur site. Cela conduit à un message transmis à l’armée et mal interprété puisqu’elle en conclut qu’il n’y a plus de risque pour des civils sur place.
C’est vers 8 heures qu’une centaine de terroristes se trompent de route et se dirigent vers le festival plutôt que vers Netivot. Ils tirent au RPG sur un barrage de police et poursuivent leur route où ils croisent un tank de l’armée venu de Be’eri dont tous les personnels sont morts à l’exception du chauffeur qui parvient à tuer plusieurs assaillants, aidé par la police locale qui entoure le blindé. La mise à l’abri du blindé et des personnels armés laisse la voie libre aux terroristes jusqu’au festival qui, durant plus de 2 heures, y massacrent 171 personnes.Un hélicoptère de combat dépêché à proximité a vu les véhicules des terroristes mais n’a pas tiré, n’ayant pas été informé de la présence des festivaliers. Les premiers militaires n’arrivent sur site que peu avant midi et ne sont que 11. Le site n’est regagné que vers 15 heures, après l’arrivée de renforts. Selon l’enquête, l’échec de l’armée repose sur trois axes : le fait que les unités militaires ont d’abord dû combattre pour se protéger elles-mêmes, la défaillance des systèmes de renseignement et de commandements, et l’absence de coordination entre la police et l’armée. 


Les refus gouvernementaux répétés d’une commission d’enquête d’État

Malgré les enquêtes de l’armée et des services secrets, et en dépit des demandes répétées de l’opposition et des familles de victimes, Benyamin Nétanyahou refuse catégoriquement la mise en place d’une commission d’enquête d’État sur le 7 octobre. 

Une telle commission, selon la loi israélienne, serait formée par le Président de la Cour suprême, et jouirait d’un pouvoir d’enquête total et d’une indépendance absolue vis‐​à‐​vis du gouvernement. 
- le 17 juillet 2024, la Knesset a rejeté par 53 voix contre 51 une proposition de loi visant à établir une telle commission
- en décembre 2024, la procureure générale Gali Baharav‐​Miara a émis une recommandation à l’attention du gouvernement pour qu’il mette en place une commission, sans succès.
- le 21 janvier 2025, une nouvelle proposition de loi est rejetée par la Knesset par 53 voix contre 45. 
- en mars 2025, le président israélien Isaac Herzog et le président de la Cour suprême Isaac Amit scellent un compromis pour l’établissement d’une commission dont l’essentiel consiste en la consultation, pour la composition de la commission, du juge de la Cour suprême Noam Sohlberg, un magistrat conservateur. Le but de ce compromis était de répondre aux inquiétudes de Nétanyahou quant à la partialité d’une telle commission. Mais cela n’a pas suffi puisque le cabinet du Premier ministre a produit un communiqué à peine une heure après l’annonce du compromis : « Le public a droit à une véritable commission d’enquête et non à une commission biaisée politiquement ». À quoi l’ancien ministre de la défense Benny Gantz répondait que le Premier ministre « ne cherche pas à ce qu’une enquête soit menée sur les échecs du 7 octobre, il cherche plutôt à les enterrer ». L’ancien premier ministre Naftali Benett déclarait de son côté que « le président Herzog a proposé un compromis équilibré et pertinent pour l’établissement d’une commission d’État (...). Quiconque rejette cela ne cherche qu’à échapper à l’enquête, à ses responsabilités et à devoir rendre des comptes ».

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