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Podcast : harengs, oranges et mémoire

Nous étions au Musée d’art et d’histoire du Judaïsme pour entendre le récit des plats et des proches d’Alice Gren, dans le premier épisode de son podcast « Les Oranges de Jaffa ».

Publié le 15 avril 2025

3 min de lecture

À la mort de son père, Alice Gren n’a plus de mots. 

Si sa bouche ne peut plus articuler, elle peut manger la salade de harengs qu’il aimait tant. De cette urgence de retrouver son père par le goût s’ouvrent une myriade de questions. Pourquoi cette recette est‐​elle un refuge pour elle ? D’où vient ce mélange de poisson, d’oignons et de pommes râpés, d’ailleurs ? Que raconte ce plat de l’histoire de son père, ce Franco‐​Polonais qui a découvert son judaïsme à 11 ans ? 

Nous étions au Musée d’art et d’histoire du Judaïsme, le 9 avril 2025 pour entendre le récit des plats et des proches d’Alice, dans le premier épisode du podcast Les Oranges de Jaffa : À la recherche du hareng perdu.

« Quand il est décédé, j’ai eu une espèce d’envie incompressible de manger du hareng. Tout d’un coup, dans cette cuisine parisienne beaucoup trop petite, je me suis dit : il faut que je fasse la salade de mon père. Et au moment où j'ai sorti la planche à découper et que j’ai commencé à trancher en morceau ce poisson fumé, je me suis mise à pleurer. C’était qui mon père ? Toute sa vie, il taira son identité. Alors quand il est mort, je me suis vraiment demandé qui il était. Pourquoi le tabou appelle la cuisine ? Je n’ai pas la réponse, mais ce que je sais, c’est que j’ai voulu aller creuser. Alors j’ai commencé à poser des questions autour de moi. D’abord à ma sœur, puis à ma tante, à mes cousins… et j’ai voulu continuer le voyage.» 

Dans cette série, Alice Gren nous embarque dans une enquête hors norme car culinaire, sur les traces de sa famille. De Varsovie à New York en passant par Buenos Aires, elle va cuisiner les siens et cuisiner avec les siens pour découvrir des souvenirs et retracer son histoire. Sa démarche (qu’elle raconte sur Instagram) est de plonger dans son histoire familiale à travers le globe, « sur les traces de tous ceux qui ne parlaient pas mais cuisinaient ». Elle découvre en route que la cuisine permet de prononcer l’imprononçable et « nous ouvre une porte vers l'Histoire et verbalise les tabous ». D’une histoire personnelle, l’autrice nous fait voyager dans la grande Histoire, celle de tous ces Juifs polonais chassés, déportés, qui ont dû effacer leur identité. 

Dans le premier épisode, entre documentaire et enquête, la cuisine s’entend, les liens familiaux aussi. D’ailleurs, les sons sont familiaux. Les crépitements de cuissons côtoient les discussions avec sa sœur, avec qui elle prépare un Pessah vegan, à leur manière, avec, sur le plateau une betterave et un os dessiné. « J’étais tombé sur un site qui disait ‘la betterave, comme c’est rouge, ça rappelle le sang du sacrifice’ ». Alice, qui se présentera durant l’échange avec Zazie Tavitian, journaliste et créatrice du podcast « À la recherche de Jeanne » (Binge Audio) comme une « juive en carton » a ses interrogations en bandoulière et une énergie communicative dans la découverte de son patrimoine.

Une mise en récit particulièrement réussie, aussi bien dans l’écriture que dans la création sonore, qui donne envie de suivre Alice dans la suite de sa quête. La soirée s’est terminée dans la Cour du mahJ, autour d’un verre de vodka et d’une bouchée de hareng, pour que l’immersion soit complète.

Les Oranges de Jaffa, un podcast d’Alice Gren, réalisé par Jonathan König, produit par wave​.audio. À retrouver prochainement sur toutes les plateformes d’écoute.

Premier épisode, « À la recherche du hareng perdu » est à découvrir sur Soundcloud.

Pour suivre le projet, rendez‐​vous sur Instagram.