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« Yalla ! Le Tajine Musical » : chanter, s’allier, s’engager

Beit Haverim, l’association juive LGBTQ+, présente Yalla ! Le Tajine Musical, une comédie musicale qui s’engage à lutter contre la haine anti‐​LGBTQ+ et l’antisémitisme. En chansons, ce spectacle invite à l’écoute, l’empathie et l’apaisement, et favorise l’émergence de nouvelles représentations de personnes LGBTQ+, plus authentiques. Tenoua a rencontré Samuel Sebban, auteur de ce spectacle, comédien et membre de Beit Haverim.

Publié le 15 avril 2025

3 min de lecture

Yalla! Le Tajine Musical est une comédie musicale que vous aviez déjà jouée il y a quelques années à l’occasion des 40 ans de Beit Haverim (association fondée en 1977). En 2025, la troupe revient sur scène mais autrement. En prenant en compte le contexte post-7 octobre… 

Je ne pouvais pas faire comme si de rien n’était, comme s’il ne se passait rien pour les Juifs de France. Depuis cette date, des proches dans nos milieux LGBTQ+ ont disparu du jour au lendemain. C’était incroyable de constater qu’il pouvait exister de l’antisémitisme dans cette communauté qui se présente comme particulièrement ouverte et accueillante. On nous a demandé de justifier notre présence, comment peut‐​on nous infliger autant de haine ? Je cherchais donc à écrire une version plus en phase avec ce que l’on vivait, plus honnête. En 2018, au moment de sa création, Yalla! servait essentiellement à lutter contre l’homophobie dans les mondes juifs, aujourd’hui, il sert plutôt à lutter contre l’antisémitisme au sein des mondes LGBTQ+. 

Pourquoi choisir de raconter l’histoire d’un Juif, gay, d’origine marocaine, en couple avec un Musulman et qui a peur de révéler son homosexualité à sa mère? Vous avez recueilli des témoignages pour créer ce personnage et l’inscrire dans notre réalité? 

Au départ, j’ai écrit ce spectacle pour expliquer aux spectateurs comment une personne se retrouvait à Beit Haverim, dans quel contexte on pousse la porte de cette association. On se retrouve là, en général, parce que dans nos familles, avec nos proches, le coming out est tout sauf une évidence. Parce qu’il y a de la souffrance à s’assumer complètement. 

Dany, le personnage que j’ai créé, traverse une situation qui est dans les faits assez compliquée : il est gay dans un environnement familial qui n’a jamais vraiment considéré l’homosexualité, qui l’a même niée, et en couple mixte. Et son rapport au judaïsme s’inscrit dans quelque chose de culturel. Il ne rentre pas dans les cases et se trouve très souvent aux frontières des catégories. Un peu comme le personnage de la meilleure amie de Dany qui n’est pas juive et qui incarne la figure de l’alliée de la communauté LGBTQ+ et de la communauté juive. 

Le message de cette pièce reste assez simple : peu importe nos différences et les murs qui s’élèvent entre nous, nous pouvons vivre ensemble et cela devrait être notre priorité. Je voulais raconter une certaine diversité, un bordel cosmique assez riche pour en faire un tajine. Cette diversité, on la retrouve aussi au sein de la troupe : les comédiens et comédiennes ne sont pas tous LGBTQ+, ne sont pas tous juifs. 

Pensez-vous que les Juifs LGBTQ+ trouvent leur place dans la pop culture

J’ai inventé le personnage de Dany parce que je tenais à faire exister un personnage juif qui ne correspond pas aux représentations habituelles et stéréotypiques. Et jusqu’ici, le cinéma comme la télévision n’étaient pas à la hauteur de nos diversités. Dany ne ressemble ni à un Juif de New York, ni à un personnage de la Vérité si je mens. En Amérique du Nord, les Juifs LGBTQ+ sont de plus en plus visibles, est‐​ce en raison du développement du mouvement libéral ? Ce qui est sûr, c’est qu’en France, le tabou est toujours aussi présent. 

Qu’espérez-vous provoquer comme réactions à l’issue du spectacle? 

Parce que c’est une comédie musicale, ce spectacle permet d’attirer un public assez large et pas forcément sensibilisé. Nous réussissons à gagner en visibilité et à nous adresser à des spectateurs prêts à remettre en question leurs certitudes parce que nos personnages partagent sur scène leurs sentiments, leurs doutes, leurs souffrances, parce que nous réunissons des classiques des répertoires juif, français et israélien (Enrico Macias, Jean‐​Jacques Goldman et d’autres icônes). J’espère qu’après cela, si des spectateurs assistent à une situation de discrimination, ils pourront agir d’une manière ou d’une autre, j’espère qu’ils pourront inciter à réfléchir. 

Pour continuer à jouer et à lutter contre la haine anti‐​LGBTQ+ et l’antisémitisme, nous sommes conscients qu’il nous faut atteindre d’autres villes que Paris. Il nous faut créer d’autres espaces de dialogue. 

Comment envisagez-vous l’avenir des Juifs dans les espaces LGBTQ+? 

Je pensais qu’à la Pride de 2024 à Paris, nous serions seuls au monde. Mais, ça n’a pas été le cas parce que des Juifs héréros comme Joann Sfar se sont alliés à nous, en signe de soutien, de solidarité. Mais, j’avais surtout l’impression qu’il n’était plus question d’orientation sexuelle ou d’identité de genre cette fois‐​ci, qu’il était question de “coming‐​out juif”, de montrer que l’on était fiers d’être juif et de ne pas s’en cacher. 

Au sein du Beit Haverim, on organise désormais des réunions de travail autour de la lutte contre l’antisémitisme dans les milieux LGBTQ+, nous n’aurions pas pu l’anticiper. 

Informations pratiques :

Prochaine date : le 27 avril au Théâtre Clavel à Paris

Le site de Beit Haverim