
Le poème se fait
avec des morceaux d’un cris
car la voix de la mère
a éclaté ‑comme le verre qui éclate
à l’explosion de la haine.
L’agonie,
chant d’amour
d’une colombe
qui n’a pas pu
protéger son nid
des serres
des faucons.
Ils sont morts
parmi les décombres du monde
mais leur mort
est autre chose
sans que cela puisse être nommée.
Combien de fois
l’empathie peut‐elle mourir
dans le cœur d’un homme ?
Petit enfant
assassiné
étouffé
entre les mains nues
du préjugé
Petite bouche qui apprenait à peine
à prononcer
chien
maison
encore si loin
des mots
haine
ennemi
.
horreur
papy
.
.
.
.
.
guerre
Cependant
ses doigts à peine fleuris
ont palpé et redouté
ce que leurs mots jamais adultes
ne parviendront jamais à nommer.
Dans l’inconscience de son appartenance
à la tribu
qui n’aurait pas dû
appartenir.
Maman, qu’est-ce qu’une tribu ?
Mais la formulation
de ce questionnement
sur sa propre identité
lui fut refusée.
Et le nouveau Pharaon
– faucon de la mort –
observateur éternel
de la nature humaine
poursuivait à travers les millénaires
le sacrifice
des saints innocents.
Petits enfants
assassinés
étouffés
entre les mains nues
du préjugé
L’assassin ne dit pas
qu’il tue ce qu’il tue,
mais qu’il élimine,
et ses misérables
messagers de la mort
trouvent chaque fois
une justification à leurs actes.
Car nous trouverons toujours
chez autrui
le savon
pour nous laver les mains
du sang
que nous répandons
avec nos paroles.
Combien de fois
l’empathie peut‐elle mourir
dans le cœur d’un homme ?
Leurs visages
ont été arrachés
de nos rues.
Parce que vous êtes nés
du côté de l’histoire
qu’une autre histoire
ne vous considère pas comme des véritables victimes.
objet
d’être
objet.
(La suite du poème
s’effondre en morceaux
se détache
inachevée
Ici il n’y a pas de fin.)
Qu’avaient-elles touché auparavant,
les mains qui leur ont donné la mort ?
Dis‐moi,
Qu’avaient-elles touché auparavant,
les mains qui leur ont donné la mort ?
– un aliment –
– à leurs propres enfants –
– caresser tendrement les joues de sa femme –
Celui dont la morale
est tachée de sang
ne voit pas ;
qu’il laisse le sang en héritage
à ce qu’il croit caresser.
Petit enfant assassiné,
frère du frère assassiné,
assassiné à l’infini
dans le cri du silence
qui s’étend
dans la masse.
Ce silence prétend arracher
de notre histoire
ta mort.
Un désir incertain
vers le passé.
Dans tes derniers instants,
aussi médiocres et imparfaits
qui furent la manière de leur manifester,
avant que tu ne fermes les yeux,
alors que tu venais à peine de les ouvrir,
il y eut pour toi
une ultime lueur
d’humanité.
Combien de fois
l’empathie peut‐elle mourir
dans le cœur d’un homme ?
Et la suite du poème tombe en morceaux
se détache inachevée
ici il n’y a pas de fin.
La suite de ton poème
tombe en morceaux
se détache
inachevée.
Ici il n’y a pas de fin.
En mémoire de la famille Bibas. À tous ceux qui ont été assassinés, et dont leur mémoire
a été massacrée par deux fois.
La première, par le silence dans l’indifférence envers leur souffrance.
La seconde, par un « oui, mais… »
Traduit de l’espagnol par Julian Bedoya
El poema se hace
con pedazos de grito
cuando ha estallado
la voz de la madre
-como el vidrio que estalla
a la explosion del odio-
La agonía,
canto de amor
de una paloma
que no ha podido
proteger su nido
a las garras
de los halcones.
Han muerto
entre los escombros del mundo
pero su muerte
es otra cosa
sin que esto
pueda ser nombrado.
¿Cuantas veces
puede morir la empatía
en el corazón de un hombre ?
Pequeño niño
asesinado
ahogado
entre las manos desnudas
del prejuicio
Boquita que aprendía apenas
a pronunciar
perro
casa
tan lejanamente aún
a las palabras
odio
enemigo
.
horror
abuelito
.
.
.
.
.
guerra
Sin embargo
sus dedos recién florecidos
palparon y temieron
lo que ya no alcanzan a nombrar
sus palabras nunca adultas.
Ajeno
de su pertenencia
a la tribu
que no debía
pertenecerse
¿Madre, qué es una tribu?
Pero la formulación
al cuestionamiento
de su propia identidad
le fue negada.
Y el nuevo Faraón
-halcon de la muerte–
perene observador de la
naturaleza humana
seguía
a través de los milenios
el sacrificio
de los santos inocentes.
Pequeños niños
asesinados
ahogados
en las manos desnudas
del prejuicio
El asesino no dice
que
mata lo que mata
sino que elimina
y sus miserables
mensajeros de la muerte
encuentran a su actuar
cada vez
una justificación.
Porque siempre encontraremos
en los otros
el jabón
para lavarnos las manos
de la sangre
que propagamos
con nuestras palabras.
¿Cuantas veces
puede morir la empatía
en el corazón de un hombre ?
Sus rostros
han sido arrancados
de nuestras calles.
Porque ustedes nacieron
del lado de la historia
que la otra historia
no considera víctimas
objeto
de ser
objeto.
(La continuación del poema
se cae en pedazos
se desprende
inconcluso
Aquí no hay final.)
¿Que habían tocado antes
las manos que les causaron la muerte ?
Dime
¿Que habían tocado antes
las manos que les causaron la muerte ?
-un alimento-
-a sus propios hijos-
-tiernamente las mejillas de su mujer-
No ve aquel
que tiene manchada
la moral de sangre
deja sangre como herencia
en lo que cree acariciar.
Pequeño niño asesinado
hermano del hermano asesinado
infinitamente asesinado
en el grito del silencio
que se extiende
entre la masa
pretende arrancar
de nuestra historia
tu muerte.
Un deseo incierto
hacia el pasado.
En tus últimos instantes
como sea
de la manera mediocre
e imperfecta
que pudiera externarse
antes de que cerraras los ojos
cuando apenas los abrías
para ti
un último destello
de humanidad.
¿Cuantas veces
puede morir la empatía
en el corazón de un hombre ?
Y la continuación del poema
se cae en pedazos
se desprende
inconclusa
aquí no hay final.
La continuación de tu poema
se cae en pedazos
se desprende
inconclusa
Aquí no hay final.
En memoria de la familia Bibas. A todos los que han sido asesinados, y su memoria masacrada dos veces.
La primera con el silencio en el desinterés de su sufrimiento.
La segunda en un “sí, pero…”