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Poème : Combien de fois l’empathie peut‐​elle mourir dans le cœur d’un homme ?
Publié le 18 avril 2025

4 min de lecture

Photo : collectif 7 octobre

Le poème se fait 
avec des morceaux d’un cris 
car la voix de la mère 
a éclaté ‑comme le verre qui éclate 
à l’explosion de la haine. 

L’agonie, 
chant d’amour 
d’une colombe 
qui n’a pas pu 
protéger son nid 
des serres 
des faucons. 

Ils sont morts 
parmi les décombres du monde 
mais leur mort 
est autre chose 
sans que cela puisse être nommée. 

Combien de fois 
l’empathie peut‐​elle mourir
dans le cœur d’un homme ? 

Petit enfant 
assassiné 
étouffé 
entre les mains nues 
du préjugé

Petite bouche qui apprenait à peine 
à prononcer 

chien

maison

encore si loin

des mots

haine

ennemi

.

horreur

papy

.

.

.

.

.

guerre

Cependant
ses doigts à peine fleuris
ont palpé et redouté
ce que leurs mots jamais adultes
ne parviendront jamais à nommer.

Dans l’inconscience de son appartenance
à la tribu
qui n’aurait pas dû
appartenir.

Maman, qu’est-ce qu’une tribu ?

Mais la formulation
de ce questionnement
sur sa propre identité
lui fut refusée.

Et le nouveau Pharaon
– faucon de la mort –
observateur éternel
de la nature humaine
poursuivait à travers les millénaires
le sacrifice
des saints innocents.

Petits enfants
assassinés
étouffés
entre les mains nues
du préjugé

L’assassin ne dit pas
qu’il tue ce qu’il tue,
mais qu’il élimine,
et ses misérables
messagers de la mort
trouvent chaque fois
une justification à leurs actes.

Car nous trouverons toujours
chez autrui
le savon
pour nous laver les mains
du sang
que nous répandons
avec nos paroles.

Combien de fois
l’empathie peut‐​elle mourir
dans le cœur d’un homme ?

Leurs visages
ont été arrachés
de nos rues.

Parce que vous êtes nés
du côté de l’histoire
qu’une autre histoire
ne vous considère pas comme des véritables victimes.
objet
d’être
objet.

(La suite du poème
s’effondre en morceaux
se détache
inachevée
Ici il n’y a pas de fin.)

Qu’avaient-elles touché auparavant,
les mains qui leur ont donné la mort ?

Dis‐​moi,

Qu’avaient-elles touché auparavant,
les mains qui leur ont donné la mort ?

– un aliment –
– à leurs propres enfants –
– caresser tendrement les joues de sa femme –

Celui dont la morale
est tachée de sang
ne voit pas ;
qu’il laisse le sang en héritage
à ce qu’il croit caresser.

Petit enfant assassiné,
frère du frère assassiné,
assassiné à l’infini
dans le cri du silence
qui s’étend
dans la masse.

Ce silence prétend arracher
de notre histoire
ta mort.

Un désir incertain
vers le passé.

Dans tes derniers instants,
aussi médiocres et imparfaits
qui furent la manière de leur manifester,
avant que tu ne fermes les yeux,
alors que tu venais à peine de les ouvrir,
il y eut pour toi
une ultime lueur
d’humanité.

Combien de fois
l’empathie peut‐​elle mourir
dans le cœur d’un homme ?

Et la suite du poème tombe en morceaux
se détache inachevée
ici il n’y a pas de fin.

La suite de ton poème
tombe en morceaux
se détache
inachevée.

Ici il n’y a pas de fin.

En mémoire de la famille Bibas. À tous ceux qui ont été assassinés, et dont leur mémoire
a été massacrée par deux fois.
La première, par le silence dans l’indifférence envers leur souffrance.
La seconde, par un « oui, mais… »

Traduit de l’espagnol par Julian Bedoya


El poema se hace 
con pedazos de grito 
cuando ha estallado 
la voz de la madre 
-como el vidrio que estalla 
a la explosion del odio- 

La agonía, 
canto de amor 
de una paloma 
que no ha podido 
proteger su nido 
a las garras 
de los halcones. 

Han muerto 
entre los escombros del mundo 
pero su muerte 
es otra cosa 
sin que esto 
pueda ser nombrado. 

¿Cuantas veces 
puede morir la empatía 
en el corazón de un hombre ? 

Pequeño niño 
asesinado 
ahogado 
entre las manos desnudas 
del prejuicio 

Boquita que aprendía apenas 
a pronunciar 

perro

casa

tan lejanamente aún 

a las palabras 

odio

enemigo

.

horror

abuelito

.

.

.

.

.

guerra

Sin embargo 
sus dedos recién florecidos 
palparon y temieron 
lo que ya no alcanzan a nombrar 
sus palabras nunca adultas. 

Ajeno 
de su pertenencia 
a la tribu 
que no debía 
pertenecerse 

¿Madre, qué es una tribu? 

Pero la formulación 
al cuestionamiento 
de su propia identidad 
le fue negada. 

Y el nuevo Faraón 
-halcon de la muerte– 
perene observador de la 
naturaleza humana 
seguía 
a través de los milenios 
el sacrificio 
de los santos inocentes. 

Pequeños niños 
asesinados 
ahogados 
en las manos desnudas 
del prejuicio 

El asesino no dice 
que 
mata lo que mata 
sino que elimina 
y sus miserables 
mensajeros de la muerte 
encuentran a su actuar 
cada vez 
una justificación. 

Porque siempre encontraremos 
en los otros 
el jabón 
para lavarnos las manos 
de la sangre 
que propagamos 
con nuestras palabras. 

¿Cuantas veces 
puede morir la empatía 
en el corazón de un hombre ? 

Sus rostros 
han sido arrancados 
de nuestras calles. 

Porque ustedes nacieron 
del lado de la historia 
que la otra historia 
no considera víctimas 
objeto 
de ser 
objeto. 

(La continuación del poema 
se cae en pedazos 
se desprende 
inconcluso 
Aquí no hay final.) 

¿Que habían tocado antes 
las manos que les causaron la muerte ? 

Dime 

¿Que habían tocado antes 
las manos que les causaron la muerte ? 

-un alimento- 
-a sus propios hijos- 
-tiernamente las mejillas de su mujer- 

No ve aquel 
que tiene manchada 
la moral de sangre 
deja sangre como herencia 
en lo que cree acariciar. 

Pequeño niño asesinado 
hermano del hermano asesinado 
infinitamente asesinado 
en el grito del silencio 
que se extiende 
entre la masa 

pretende arrancar 
de nuestra historia 
tu muerte. 

Un deseo incierto 
hacia el pasado. 

En tus últimos instantes 
como sea 
de la manera mediocre 
e imperfecta 
que pudiera externarse 
antes de que cerraras los ojos 
cuando apenas los abrías 
para ti 
un último destello 
de humanidad. 

¿Cuantas veces 
puede morir la empatía 
en el corazón de un hombre ? 

Y la continuación del poema 
se cae en pedazos 
se desprende 
inconclusa 
aquí no hay final. 

La continuación de tu poema 
se cae en pedazos 
se desprende 
inconclusa 

Aquí no hay final. 

En memoria de la familia Bibas. A todos los que han sido asesinados, y su memoria masacrada dos veces. 
La primera con el silencio en el desinterés de su sufrimiento. 
La segunda en un “sí, pero…”