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“Sans solution diplomatique, les deux peuples sont condamnés à la poursuite indéfinie du conflit”

Début juin, l’organisation “Commanders for Israel’s Security”, qui réunit 550 anciens hauts responsables des services de sécurité israéliens, a affirmé que les voix de la diaspora, même lorsqu’elles sont critiques, renforcent l’État d’Israël. Nimrod Novik, membre de l’organisation et ancien conseiller principal du Premier ministre Shimon Peres, recontextualise cette prise de parole.

Publié le 13 juin 2025

3 min de lecture

Nimrod Novik, membre de l’organisation CIS


Pouvez-vous nous présenter l’organisation “Commanders for Israel’s Security” et expliquer sa mission, ses objectifs ?

Il y a une dizaine d’années, lors d’un affrontement entre Israël et le Hamas, un groupe d’anciens généraux a adressé une lettre au Premier ministre Benjamin Nétanyahou – lettre publiée dans la presse – qui disait une chose très simple : “Il est temps d’avoir le courage de lancer une grande initiative diplomatique pour mettre fin au conflit. Si vous choisissez la voie diplomatique, nous vous soutiendrons”.
À l’époque, le Premier ministre n’a pas répondu mais, en l’espace de 24 heures, 113 généraux ont co‐​signé cette lettre. C’est ainsi que Commanders for Israel’s Security (CIS) est née.

Aujourd’hui, l’organisation regroupe 550 officiers retraités ayant occupé les plus hautes fonctions au sein de l’armée, du Mossad, du Shin Bet, de la police et des services diplomatiques. En cumulé, nous comptons plus de 10.000 années d’expérience dans la sécurité du pays au plus haut niveau. Notre mission consiste à présenter aux leaders politiques et au public des stratégies qui nous rapprochent d’une solution politique au conflit tout en garantissant la sécurité de l’État d’Israël. Pour ce faire, nous sommes très présents dans les médias : chaque semaine, une dizaine d’officiers de CIS y partagent leur analyse sur l’actualité du moment dans le cadre d’une perspective diplomatique et sécuritaire.

Nous sommes convaincus que seule une solution diplomatique permettra aux 7 millions d’Israéliens et aux 7 millions de Palestiniens qui vivent entre le Jourdain et la mer Méditerranée de vivre en paix côte à côte. Sans solution diplomatique et, à terme, sans la création d’un État palestinien, les deux peuples sont condamnés à la poursuite indéfinie du conflit.

Début juin, “Commanders for Israel’s Security” a souligné l'importance pour Israël de poursuivre son dialogue avec les voix juives de la diaspora. Qu'est-ce qui a motivé cette déclaration ?

Israël est une “entreprise” que l’on partage avec les Juifs à travers le monde. Même si nous considérons évidemment que seuls les Israéliens qui vivent ici et qui subissent les conséquences de la guerre peuvent prendre des décisions sur leur sécurité et leur avenir, il est essentiel que les Israéliens soient au courant de ce que les Juifs de diaspora pensent : soutiennent‐​ils nos actions, en sont‐​ils blessés, quels conseils pourraient‐​ils nous donner… ?

Les Juifs de diaspora qui, aujourd’hui, prennent la parole pour critiquer la politique du gouvernement en place, pour défendre les valeurs qui fondent la démocratie israélienne depuis ses origines (comme 70% des Israéliens qui s’opposent en tout point à la politique actuelle), sont massivement attaqués. Ils sont même accusés d’alimenter l’antisémitisme. Nous qui représentons la plus grande organisation de généraux israéliens retraités, leur exprimons notre soutien car nous considérons que c’est notre devoir moral d’être à leurs côtés. 

Nous vivons un moment décisif dans l’écriture de l’histoire israélienne : le futur sera‐​t‐​il gouverné par des valeurs libérales et démocratiques ou par des valeurs messianistes et suprémacistes (celles de la coalition actuelle) ? Nous comptons sur la diaspora pour qu’elle ne détourne pas le regard, pour qu’elle se positionne et prenne la défense de notre démocratie.

Comment l’organisation CIS envisage-t-elle l'avenir de l'État d'Israël en matière de sécurité, de démocratie et de relations avec les pays de la region ainsi qu’avec la diaspora ?

Ce gouvernement sape notre sécurité, notre démocratie, nos relations avec nos partenaires de paix dans la région, nos relations avec la communauté internationale et nos liens de solidarité avec les Juifs de diaspora. Mais Israël est un pays très puissant sur les plans économique, scientifique, technologique et militaire. Il n’y a pas d’équivalent dans la région, de Téhéran à Benghazi. Nous espérons donc que, le plus vite possible, nous puissions discuter de la fin du conflit et de l’intégration d’Israël dans une région qui ne demande qu’à se développer dans la paix.

Nous sommes dans l’attente d’un cessez‐​le‐​feu à Gaza qui devrait ouvrir la voie à une solution diplomatique et de la conférence internationale co‐​présidée par la France et l’Arabie Saoudite qui aura lieu à New York du 17 au 20 juin.

Propos recueillis par Léa Taieb