
Le verset
מוֹדֶה/מוֹדָה אֲנִי לְפָנֶָיךָ, מלך/רוּחַ חַי וְקַים
שֶׁהֶחֱזַרְתָּ בִּי נִשְׁמָתִי בְּחֶמְלָה רַבָּה אֱמוּנָתֶךָ.
Modeh/modah ani lefah-neh-chah, mele’h ‘hai v'kai-yahm.
Sheh-heh-’heh-zar-tah bi nish-mah-ti b'hem-lah.
Rabbah emu-nah-teh-’hah
Reconnaissant(e) je suis devant toi,
Roi vivant et éternel
Car tu as ramené mon âme en moi avec compassion
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Épisode 1 : La reconnaissance avant la gratitude
Épisode 2 : Recevoir le souffle
Épisode 3 : Recevoir la compassion
Épisode 1 : La reconnaissance avant la gratitude
Chaque matin nous sommes invités à dire « reconnaissant(e) je suis ». La reconnaissance est à double sens. Dans le sens commun, on parle de gratitude, mais il est surtout question de reconnaître tout simplement ce qui est.
Lorsque j’ouvre les yeux le matin, selon la tradition juive, je suis invitée à reconnaître ce fait simple, évident, et pourtant si profond : je suis en vie. Je me suis réveillé(e) vivant(e). En prononçant ces mots, en contemplant ce verset, je m’invite à ne pas prendre le fait d’être en vie pour acquis. Une invitation à savourer le caractère précieux de cette vie unique qui m’est donné.
מוֹדֶה/מוֹדָה אֲנִי לְפָנֶָיךָ
Reconnaissant(e) je suis devant toi
Épisode 2 : Recevoir le souffle
En hébreu la respiration, “neshima”, a la même racine que l’âme, “neshama.”
Lorsque je reçois un nouveau souffle, mon âme est remise en vie. Et cela n’arrive pas qu’à ma naissance. Cela n’arrive pas que le matin. Mais à chaque instant. L’invitation lors de cette méditation est de ressentir, en expérience, dans notre corps, que la respiration ne m’incombe pas. C’est quelque chose qui m’est donné.
שֶׁהֶחֱזַרְתָּ בִּי נִשְׁמָתִי
Car tu as ramené en moi mon souffle/mon âme
Épisode 3 : Recevoir la compassion
La compassion est au cœur de l’ethos juif et de sa tradition du moussar (discipline éthique). L’une des premières choses que nous apprend le verset qu’Hillel et rabbi Akiva appellent « le plus grand principe de la Torah », "Et tu aimeras ton prochain comme toi-même" (Lévitique 19,18), est fondée sur la compassion. S’il nous incombe de cultiver cette orientation de l’être en nous au quotidien dans nos rencontres avec les autres, la prière de Modeh Ani nous invite à nous retourner et à voir qu’en amont, la compassion est d’abord quelque chose que nous recevons, chaque jour, à chaque instant, de la vie.
בְּחֶמְלָה
Avec compassion
Épisode 4 : Recevoir la confiance
Si l’on devait résumer les discours du développement personnel, du coaching ou de la psychologie positive contemporaine en un mot, ce serait peut‐être celui‐ci : confiance.
Confiance en nous‐mêmes, confiance en l’avenir, confiance en les autres, en la vie, en Dieu. Pour beaucoup, les épreuves de la vie mettent à mal notre confiance. Et l’un des enseignements les plus forts de ceux qui, comme Viktor Frankel, ont traversé les pires épreuves, est justement la confiance en la vie malgré les blessures. Avoir un but, un idéal à servir, quelque chose à donner, une raison de vivre, nous aide. Mais si l’on en revient à la source, la prière Modeh Ani nous chuchote aussi autre chose : c’est d’abord la vie qui a confiance en nous. C’est d’abord la source de vie qui a misé sur nous. Et si l’on se reposait un peu là‐dessus ? Et si l’on respirait un grand coup, pour prendre le temps, simplement, de recevoir ?
רַבָּה אֱמוּנָתֶךָ.
Grande est ta confiance