Édito : Chaque homme a un nom

L’édito du numéro hors-série Yom HaShoah 2020,
ainsi que la liste des convois lus lors des cérémonies de Yom HaShoah en 2020.

La poétesse israélienne Zelda a écrit un jour un poème intitulé Lekh’ol Ish Yesh Shem, « Chaque homme a un nom », et ces mots furent bien plus tard mis en musique et interprétés par la chanteuse Hava Alberstein.

Zelda écrit que « chaque homme a un nom, que lui a donné Dieu et que lui ont donné ses parents, que lui a donné sa stature, sa façon de sourire et le tissage de son existence (…) chaque homme a un nom que lui a donné son ennemi et que lui a donné son amour, que lui ont donné les saisons de sa vie et que lui a donné sa mort ».

Chacun d’entre nous porte les noms de ce que sa vie lui a permis d’être : chacun peut-être raconté comme autant de personnes qu’il a croisées, d’expériences qu’il a vécues et nous portons aussi le nom de ce que notre vie n’a pas été et aurait pu être. Nous sommes parfois racontés par tout ce qu’il ne nous a pas été donné de vivre, tout ce qui aurait pu être et n’a pas vu le jour.

Ce numéro de Tenou’a raconte la vie de celles et ceux qui eurent un nom et même plusieurs, la vie de ces hommes, ces femmes et ces enfants déportés, qui n’eurent pas simplement le nom que leur mort leur a donné. Ils étaient fils ou filles de…, amis de…, parents de…, ayant eu le temps d’être reconnus ou pas, ayant mené des combats ou rêvé d’avenir. Et chacun d’entre eux porte aussi tous les noms de ce qu’il aurait pu être.

Tout au long de cette journée de commémoration, nous devions lire, au Mémorial de la Shoah, les noms de tous ces hommes, femmes et enfants, déportés de France. Nous aurions voulu pouvoir raconter l’histoire de chacune et chacun d’entre eux. Puisse le récit de ces quelques vies ici racontées nous permettre de ne pas oublier les noms de tous les autres. Aux noms donnés par leurs parents, par leurs existences et par leurs amours… s’ajoutent ici les noms que notre souvenir leur offre, cette trace qu’ils laissent en nous pour toujours, et qui continue de les appeler.

La rédaction de Tenou’a remercie chaleureusement toutes les personnes qui ont aidé à la réalisation de ce numéro et tout particulièrement :
Mmes Judith Cytrynowicz (FMS), Cécile Fontaine (Mémorial de la Shoah), Sandrine Labeau et Brigitte Sion,
MM. Marcel Cohen, Alexandre Doulut et Serge Klarsfeld (FFDJF),
ainsi que tous les partenaires institutionnels et les contributeurs de ce numéro.

N.B. Ces pages sont établies grâce au Mémorial des 3 943 rescapés juifs de France de Alexandre Doulut, Serge Klarsfeld et Sandrine Labeau publié en 2018 par The Beate Klarsfeld Foundation, les FFDJF et Après l’oubli.
Merci à eux pour leur relecture attentive et leurs explications. Comme dans le Mémorial, sont considérés comme enfants les mineursde 18 ans. Pour comprendre les légères variations du nombre de rescapés au fil des ans, vous pouvez vous reporter aux explications en page 15 du Mémorial des 3 943 rescapés juifs de France.

  • Stéphanie Trouillard

LOUISE PIKOVSKY – « Si je reviens un jour »

LOUISE PIKOVSKY est déportée en même temps que ses parents, Barbe et Abraham, ses sœurs Annette et Lucie et son frère Jean. Depuis l’été 1942, elle entretient une correspondance avec une de ses professeures, Mademoiselle Malingrey. Ses lettres sont retrouvées des années plus tard dans le lycée parisien qu’elle avait fréquenté. Après des années de silence, les mots de la jeune Louise reprennent vie dans les couloirs de l’école où enseignants et élèves connaissent désormais l’histoire de leurs camarades d’antan déportés. La journaliste Stéphanie Trouillard réalise pour France 24, à partir de l’histoire de Louise et de ses lettres, un splendide webdocumentaire : « Si je reviens un jour », ainsi qu’une bande dessinée avec Thibaut Lambert (parue em 2020 chez Des ronds dans l’O).

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