#1 JE SUIS SIONISTE PARCE QUE… Je crois que l’existence d’Israël crée une situation inédite pour le peuple juif, le laboratoire d’une souveraineté qui reste à inventer, et la promesse d’une protection pour les juifs du monde entier, qu’ils choisissent ou non d’y vivre.
… Je crois qu’il n’existe pas un mais des sionismes et le mien ne conçoit pas Israël comme une résolution de la question juive ou une normalisation identitaire.
… Je crois qu’Israël lance au judaïsme un défi inédit: créer dans sa langue vivante une société qui fait de la place à l’autre, et modeler sur une terre ce que nous ont appris deux mille ans d’étrangeté.
#2 JE SUIS SIONISTE PARCE QUE… le peuple juif tenu si longtemps écarté du lien à toute « terre », a justement ouvert sa déclaration d’indépendance sur ce mot : « Erets Israel (la Terre d’Israël) est le lieu où naquit le peuple juif… »
… les haloutsim, les pionniers, les kibboutznikim pratiquaient autant la culture de l’esprit que celle du sol.
… c’est sur les lieux mêmes de notre passé millénaire que s’inventent, bien plus qu’ailleurs, les plus grandes avancées technologiques en matière d’eau, de vent, de soleil, et qu’Israël partage largement ces progrès avec d’autres peuples, pour le bien des hommes et celui de la planète.
… parce que Adam Ets HaSadeh (Deutéronome 20,19) – « L’Homme est un arbre des champs » et, qu’en Israël, les arbres sont un chant à la mémoire des hommes.
#3 JE SUIS SIONISTE PARCE QUE… le retour des juifs sur leur terre, la renaissance de la culture hébraïque et l’établissement d’une nation indépendante capable de se défendre, est une cause juste après deux mille ans de persécution et de dhimmitude;
… l’alyah est un choix précieux et un refuge indispensable, puisque l’antisémitisme ne faiblit pas et resurgit même en France et en Angleterre;
… les immigrants renforcent la sécurité du pays, sa résilience, son dynamisme, apportant la richesse de leurs cultures diverses; mais l’avenir réclame une société plus juste, où chacun trouve sa place, par l’éducation, l’étude et la confrontation d’idées, entre laïque et religieux, libéral et orthodoxe, ashkénaze et sépharade, juif et arabe, et par l’engagement avec l’autre moitié du peuple juif, la Diaspora ;
… les Juifs français peuvent apporter beaucoup par leur histoire, leurs différences intellectuelles, leurs expériences contemporaines et leur désir de paix.
#4 JE SUIS SIONISTE PARCE QUE… je ne peux pas ne pas l’être, parce que son contraire me terrifie tant il peut charrier de hargne et de haine, mais lorsque je ne dois pas me définir par opposition je dis simple- ment que j’aime Israël parce que c’est le pays de mon adolescence, celui où je me suis forgé une conscience poli- tique, celui où j’ai appris à interroger la vie en hébreu, où j’ai acquis une mémoire qui dépassait la mienne; j’ai dans les oreilles les chansons de Shlomo Artzi, Arik Einstein et tant d’autres, j’ai dans les yeux les prairies du Golan traversées par des tortues opiniâtres et indolentes; j’aime la quiétude dévoilée dans le virage de la route longeant Kfar Nahum qu’en français l’on nomme Capharnaüm, et ces deux noms expriment si bien qu’Israël, pour moi, demeure un mé- lange inouï de quiétude et d’agitation.
#5 JE SUIS SIONISTE PARCE QUE en retrouvant sa souveraineté politique, le peuple juif a pu enfin se libérer de l’attitude apologétique et regarder ses textes fondateurs en toute liberté, sans se soucier de savoir si ce qu’il va y trouver est conforme aux valeurs à la mode du pays d’adoption.
La deuxième grande révolution du sionisme est le retour à la langue hébraïque. L’hébreu redevenu langue de la rue, chacun peut se réapproprier son patrimoine sans la médiation des rabbins et des savants.
La démultiplication du nombre de groupes d’étude biblique au sein de la population laïque du pays est pour moi le signe que l’avenir du peuple juif s’écrit ici.
#6 JE SUIS SIONISTE PARCE QUE une nuit de septembre 1966 à minuit, j’ai entendu à la radio d’un tout petit pays une voix d’homme faite de souffle et de sable dire « le verset du jour » dans une langue qui m’était encore étrangère. Puis il a souhaité « une nuit de repos de Jérusalem », une musique recueillie et méditative s’est diluée dans le noir du dehors et la radio s’est tue. L’endroit s’appelait « Le seuil de l’espoir », l’hymne s’appelait L’Espoir, j’avais vingt ans à peine et j’avais besoin d’espoir. Depuis, jour après jour, mes pas se sont attachés au destin de cette langue rauque et douce dans ce pays rugueux.
Hier, j’essayais de traduire le titre d’un livre, Min HaMetsar, la tournure m’a guidée vers la Bible où j’ai lu :
Min haMetsar kar’ati Yah
De l’étroitesse j’ai appelé Yah
An’ani beMerhav Yah
Il m’a répondu au large Yah
En un raccourci fulgurant, des Psaumes au livre de Y. H. Brenner, de Merhavya au kibboutz de Yaacov Shabtaï, de l’exil à la liberté, j’ai eu le vertige. Tu te sens à l’étroit? Prends-le large, va-t’en pour toi, dit à chaque fois aux humains le Dieu obscur du drame biblique. Jour après jour, la langue immense de ce tout petit pays me fait prendre le large vers le monde.
#7 JE SUIS SIONISTE PARCE QUE l’Histoire décrit Israël comme pays du peuple juif.
Je suis sioniste parce que l’Histoire se lit sur chaque pierre de cette terre.
Je suis sioniste parce que chaque pierre représente la culture du peuple juif.
Je suis sioniste parce que sans culture, pas de peuple. Je suis sioniste parce que sa culture hétéroclite reflète l’Humanité.
Je suis sioniste parce que cette multitude culturelle engendre la créativité.
Je suis sioniste parce que la créativité est symbole de l’esprit pionnier d’Israël et de son peuple.
Je suis sioniste parce que l’esprit pionnier dénote une force intérieure singulière.
Je suis sioniste parce que cette force est l’identité éternelle du peuple juif.