Dans un post Facebook saisissant, Nir Avishai Cohen, réserviste et militant de la paix, partage ses sentiments et ses pensées avant de rejoindre son unité dans le sud d’Israël. Nous le traduisons ici.
Il est neuf heures et demie du soir maintenant et, il y a deux heures, je suis rentré de l’étranger. J’ai déjà l’uniforme et l’arme, en route vers le sud, pour remplir mon devoir de réserve. Je vais remplir le rôle d’officier de renseignement dans la division responsable de la défense de la frontière avec la Jordanie et l’Égypte. Comme tout le monde, je n’ai aucune idée de combien de temps je serai enrôlé et de ce que le jour apportera. Comme à chaque fois que j’ai servi en réserve, tant que je suis sous les ordres, je ne partagerai pas mes opinions personnelles ici.
Cependant, avant de me condamner au silence, je tiens à écrire quelques-unes de mes pensées.
1. Rien au monde ne peut justifier le massacre de centaines d’innocents. Les responsables de ces tueries sont les plus bas parmi nous. Cela vaut également pour ceux qui les soutiennent et les justifient.
2. Maintenant, c’est le temps de la guerre, la première chose à faire en cet instant est de protéger la maison, le pays. Ne nous trompons pas, ce n’est pas une “guerre inévitable”, elle aurait pu être évitée, mais c’est maintenant trop tard. Maintenant, il n’y a pas d’autre choix que de prendre les armes et de défendre les citoyens d’Israël.
3. Je vais défendre mon pays contre nos ennemis. Nos ennemis sont des groupes terroristes meurtriers dirigés par des extrémistes islamiques. Nous n’avons pas le droit de répondre au massacre d’Israéliens innocents par le massacre de Palestiniens innocents. Il est important de se rappeler que le peuple palestinien n’est pas notre ennemi. La plupart des Palestiniens, comme la plupart des Israéliens, veulent simplement vivre en paix et avec dignité.
4. Cette guerre se terminera tôt ou tard. À la fin, les deux peuples devront demander des comptes à leurs dirigeants. Il est de notre devoir de ne pas permettre aux extrémistes de dominer ici. Les Palestiniens et les Israéliens devront renverser les fondamentalistes. Les Israéliens devront évincer Ben Gvir, Smotrich et leur gang, et les Palestiniens devront évincer les dirigeants du Hamas.
5. À un moment où la société israélienne est plus fracturée que jamais, la vérité émerge. Ceux qui aiment vraiment leur pays se révèlent : ce sont ceux qui agissent. En face, l’hypocrisie des claviéristes de Twitter et TikTok, une bande de zéros qui, à part insulter et inciter à la violence, ne contribuent rien à l’État d’Israël. Les défenseurs d’Israël, ce sont ceux qui agissent. À la fin de la guerre, nous demanderons des comptes aux zéros, aux héros du clavier.
6. Au coeur de l’horrible douleur et du déchirement, j’essaie de trouver des lueurs d’espoir. Peu de temps après la terrible guerre de Yom Kippour, un accord de paix a été signé entre Israël et l’Égypte. Nous devons aspirer à cela, car il n’y a pas de meilleure façon de protéger la sécurité que la paix. Même l’armée la plus puissante ne peut pas protéger le pays aussi bien que la paix le peut. La voie de la paix sera toujours préférable à celle de la guerre que nous suivons depuis déjà trop longtemps.
C’est tout, maintenant je me tais, je quitte cet espace virtuel. Bientôt, j’arriverai à la base pour apporter ma contribution à la défense des citoyens de l’État d’Israël. Le cœur déchiré en pensant aux familles des assassinés et des disparus. Après la guerre, nous nous retrouverons ici, sur les réseaux sociaux, ou autour d’une bière fraîche en fin de journée, et nous ferons tout pour que ce soit la dernière guerre.
Nir Avishai Cohen a été porte-parole de Shovrim Shtika (“Briser le silence”, ONG israélienne fondée par des soldats et réservistes de Tsahal pour partager leur expérience militaire dans les Territoires) et est l’auteur de איך נהייתי כזה – סיפור ישראלי [“Comment je suis devenu ainsi – une histoire israélienne”], également disponible en anglais sous le titre “Love Israel, Support Palestine – An Israeli story” [“Aimez Israël, soutenez la Palestine – une histoire israélienne”].
Texte traduit par Anna Klarsfeld et Antoine Strobel-Dahan