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Souccot le 7 octobre, vivre avec deux cœurs

Deux ans après le 7 octobre, jour où la joie de Simhat Torah s’est muée en nuit, la voix du psaume 126 – « Ceux qui sèment dans les larmes, dans un chant de joie récolteront » – résonne avec une intensité nouvelle. Entre désespoir et espérance, Mira Neshama Niculescu médite sur la brûlure du monde, la fragilité de la confiance et l’audace d’un espoir qu’il faut choisir de faire vivre.

Publié le 6 octobre 2025

11 min de lecture


© Mira Neshama

הזרעים בדמעה ברנה יקצרו
Hazorim bedima, berina yiktsoru.

« Ceux qui sèment dans les larmes,
Dans un chant de joie récolteront » (psaume 126,5)

Il m’a fallu du temps pour voir ces lignes. Elles étaient pourtant là, sous mes yeux, pendant tout ce temps.

Elles font partie du psaume 126, le psaume que les Juifs chantent traditionnellement chaque fois qu’ils s’apprêtent à entamer les bénédictions d’après-repas, le jour du shabbat. 

On l’appelle shir hamaalot, « le chant des degrés ».

Et j’aime penser que les degrés c’est le chemin ascendant qui remonte, comme le raconte le psaume, de l’exil au retour, de la brisure à la rédemption, du désespoir à l’espoir.

Le 7 octobre 2023, le jour de simhat torah, « la joie de la Torah », je crois que ce psaume m’a parlé à l’oreille sans que je le sache.
Ce jour‐​là, c’était le dernier jour de Souccot. Le jour saint qui devait conclure le « temps de notre joie », les sept jours de la fête des cabanes qui clôt le long cycle des fêtes de Tishri. 

Ce jour‐​là, à 6h30 du matin, alors que le jour se levait, notre joie s’était éteinte dans une nuit subite. 

Nous y sommes encore, dans cette nuit. Et pourtant, ce jour‐​là, au fond d’elle, une petite voix m’avait chuchoté « Il faut que ce soit pour une nouvelle naissance ».

C’était cette forme d’espoir étrange qui, ce jour‐​là, m’avait permis de tenir depuis le fond de l’abîme.

Oui il semble que ce soit justement de là, pour le psaume comme pour le prophète, que jaillit l’espoir juif : du fond de l’abîme. Paradoxalement, le début de l’espoir pour les exilés de Babylone était la fin de leur monde. Pour moi comme beaucoup d’Israéliens et de Juifs de diaspora, le 7 octobre était la fin d’un monde

La fin d’un monde

Le 7 octobre a été pour moi la fin d’un monde où le Juif, enfin de retour sur sa terre après deux mille ans d’exil, croyait qu’il serait enfin, même si plus ou moins, à l’abri.
La fin d’un monde où je croyais en la possibilité d’une bienveillance mutuelle avec ceux – au moins certains – d’en face. 

J’ai perdu mes deux amies palestiniennes le 7 octobre, dont l’amitié s’est soudain changée en haine. 

J’ai aussi perdu l’une des choses les plus précieuses que l’on peut posséder : la confiance en ceux avec qui, pour le meilleur et pour le pire, je partage cette terre. 

J’ai perdu confiance, non seulement en les Gazaouis, mais en les Palestiniens en général, avec qui je partage cette terre. Cela fera peut être plaisir à tous mes amis de droite de lire cela. Cela fera peut‐​être grincer les dents à mes amis de gauche.
Tant pis.
Je n’ai plus le luxe ni d’avoir des opinions, ni d’être politiquement correcte. Je sais seulement que je ne sais plus.
Je sais seulement que je saigne dans ma confiance, et que les jambes de l’optimisme d’hier ne me portent plus.

Bien sûr j’espère qu’elle reviendra, cette confiance, car rien ne peut pousser sur une terre brûlée.
En attendant, celle de mon cœur est calcinée, et elle ne sait pas si les oliviers pourront y repousser. 

Il y a deux ans demain, bien que m’étant protégée comme je le pouvais des images dont les réseaux nous ont bombardés imprudemment les premier jours, j’en ai vu juste assez, j’en ai entendu juste assez de récits de survivants pour l’avoir perdue, cette confiance.
Elle a sombré dans le spectacle des foules de civils en liesse célébrant le pogrom, ou ceux s’y joignant de manière improvisée. Elle a été abasourdie par la vision de ceux massés sur Kikar Phalistin pour frapper et cracher sur les otages ahuris, y compris sur des cadavres de femmes paradées nues et fraîchement violées.
Elle a suffoqué en apprenant l’existence d’une deuxième vague d’attaques, celle des amateurs, les habitants de Gaza, parfois ceux qui avaient été employés joyeusement dans les kibboutzim paisible pendant des décennies, qui ont pénétré dans les villages et les maisons dans le sillage du Hamas et du Jihad islamique, pour piller, violer et voler ce qui restait.
Elle a agonisé quand j’ai appris que nombre des victimes de ce jour‐​là étaient de ceux qui avaient dédié une grande partie de leur vie à la cause de ceux qui les ont trucidées, et à une cœxistence paisible entre deux peuples sur leur terre.
Et puis il y a eu la fin d’un monde qui pensait que la folie qui avait pris les Européens à la fin des années trente, cette folie des plus civilisés qui avait mené à la Shoah, était derrière nous.
Soudain, devant les réactions immédiates des foules d’Europe, des Amériques ou d’Australie, la haine enthousiaste ou la froideur peut être encore plus glaçante, les dénis ou les retournements d’accusation, je l’ai vue se réveiller, cette folie. C’était la fin d’un monde qui croyait que le Juif avait enfin gagné une forme d’intégration paisible en Occident et que, peut‐​être, il y était enfin à l’abri, au moins pour un temps, d’une nouvelle vague de folie humaine.

Je ne compte plus ceux de mes amis en France, en Angleterre ou aux États‐​Unis, à qui leurs vieux amis les plus proches, des relations professionnelles de longue date, ont cessé de parler, sans même qu’ils aient besoin de parler d’Israël : du simple fait qu’il était juifs.
Je ne parle pas des harcèlements, des boycotts ou des menaces reçues depuis deux ans par ceux, Juifs et non‐​Juifs, qui osent parler contre le Hamas ou pour les otages. 

La brûlure

J’ai appris que lorsqu’on se brûle, il faut laisser la peau longtemps sous l’eau froide qui guérit. Car sinon, même après s’en être éloigné, le feu continue de brûler de plus en plus profondément sous la chair.
Nous en sommes là depuis deux ans.
La chair fume encore, et la brûlure continue de creuser son sillon vertical, de plus en plus profond, jusqu’au fond de nos âmes encore hébétées.

Certes, la majorité des otages sont rentrés à la maison. Certes, les missiles en provenance de Gaza sont devenus quasi inexistants. Certes, le Hezbollah semble être enfin tombé. Certes, la Syrie a basculé, et le nucléaire iranien semble neutralisé. Certes, une partie des centres d’attaque Houthis ne sont plus, et la plupart des architectes du 7 octobre, de leurs cachettes de Gaza à celles du Qatar, ne pourront plus nuire.
Mais la guerre sans champs de bataille continue. Et le gouvernement israélien semble opter pour une stratégie de plus en plus dangereuse pour un horizon de paix et pour la survie des otages. Et la chair trop jeune ne cesse de tomber de tous côtés à Gaza. Trop de soldats meurent chaque jour et, chaque jour dans cette guerre cynique, le Hamas s’arrange pour que le plus de civils tombent. Pendant ce temps chez nous, la vision des otages encore enchaînés dans les tunnels – ceux qui ont le malheur d’être de jeunes hommes en âge de combattre, et sont devenus des martyrs dont les geôliers au sadisme tranquille envoient régulièrement, pour le rappel de leur pouvoir sur nous tous, des vidéos de leurs visages devenus spectres et de leurs corps devenus squelettes recouvert de chair.

Mais voilà que le calendrier juif n’attend pas les armistices, et nous voici arrivés, pour la seconde fois, sans parvenir à y croire, à la fête que l’on appelle « le temps de notre joie ».
Comment célébrer, une fois de plus, la fête de la joie, lorsque le monde brûle ?

L'audace de l'espoir

Les exilés de Babylone avaient vécu cela.
Et leur réponse était ce psaume, ce chant que tant de nous ont chanté machinalement, après nos repas shabbatiques avec des mélodies étrangement enlevées, souvent sans bien de rapport avec ce qui était pourtant dit.


שִׁיר הַמַּעֲלות
בְּשׁוּב ה” אֶת שִׁיבַת צִיּון
הָיִינוּ כְּחלְמִים :
אָז יִמָלֵא שחוק פִּינוּ
וּלְשׁונֵנוּ רִנָּה
אָז יאמְרוּ בַגּויִם
הִגְדִּיל ה” לַעֲשות עִם אֵלֶּה :
הִגְדִּיל ה” לַעֲשות עִמָּנוּ
הָיִינוּ שמֵחִים :
שׁוּבָה ה” אֶת שְׁבִיתֵנוּ
כַּאֲפִיקִים בַּנֶּגֶב :
הַזּרְעִים בְּדִמְעָה בְּרִנָּה יִקְצרוּ:
הָלוךְ יֵלֵךְ וּבָכה נשא מֶשֶׁךְ
הַזָּרַע בּא יָבא בְרִנָּה נשא אֲלֻמּתָיו :

Quand l’Éternel ramena les captifs de Sion,
nous étions comme des gens qui rêvent.

Alors notre bouche s’emplit de rires,
et notre langue de chants d’allégresse.
Alors on disait parmi les nations :
« L’Éternel a fait pour eux de grandes choses ! »

L’Éternel a fait pour nous de grandes choses :
nous étions dans la joie.

Éternel, ramène nos captifs
comme les torrents dans le Néguev.

Ceux qui sèment dans les larmes
moissonneront dans l’allégresse.

Celui qui s’en va en pleurant,
portant la semence à répandre,
reviendra dans la joie,
portant ses gerbes.

Ce chant de rédemption, un chant qui parle, du fond des millénaires, de la plus grande victoire : le retour d’exil, au point que les leaders israéliens du début du siècle dernier avaient pensé faire de ce chant l’hymne national israélien, dont le nom résume le message des deux : l’espoir, ce chant semble avoir été écrit pour aujourd’hui.

« Ramène nos captifs. »
Oui, s’il te plaît, ramène les.

L’espoir est, chez nous, le moteur nous fait remonter depuis le fond du désespoir.
Pensez à Yonah, dont nous venons de lire le parcours spirituel de descente pour mieux remonter (yerida tsorekh aliya), le principe de base du mouvement de progrès de l’âme selon la sagesse hassidique.
Pour une raison étrange, ce n’est que lorsqu’il s’était trouvé au fond de l’abîme, dans le ventre du monstre marin, tout au fond de l’océan, que le prophète qui ne voulait pas devenir prophète s’était réveillé, (Jonas 2,3) :
ויאמר קראתי מצרה לי אל־יהוה ויענני מבטן שאול שוועתי שמעת קולי
« Et Il dit : Dans ma détresse, j’ai invoqué l’Éternel, et Il m’a répondu ; du ventre du Shéol j’ai crié, et Tu as entendu ma voix ».

Paradoxalement, c’est lorsqu’il avait tout perdu qu’il s’était vu sauvé.
Et c’est cela même – le pouvoir de « manifester » dont parle le langage du développement personnel contemporain – qui l’avait fait remonter à la surface.
Ainsi en est‐​il des psaumes de David, poursuivi et assailli sans répit par le roi jaloux, qui sent soudain la confiance monter du fond de la peur (psaume 23,4) :
« Et quand je marche dans la vallée des ombres de la mort, je ne crains aucun mal ».

Et ainsi en est‐​il de Joseph, qui a retrouvé son alignement, son humilité, et son salut, du fond de la geôle égyptienne.

Il y a quelques mois, tel était le témoignage d’Elie Sharabi, qui disait à la journaliste incrédule, à propos de Dieu qu’il a soudain découvert en captivité dans les tunnels du Hamas : « Oui il y a quelque chose… qui te protège ».

Elie dit avoir survécu grâce à cette présence bienveillante protectrice, une présence qu’il n’avait jamais sentie auparavant, et qui était soudain devenue très réelle pour lui, là‐​bas justement et nulle part ailleurs. Il avait soudain ressenti la « souccat shalom », la canopée de paix que l’on chante dans nos prières, et que l’on est appelés à construire au lendemain de Kippour, afin de s’installer dedans pour sept jours de réjouissance. 

Récolter la joie

La joie de Souccot est un arbre aux nombreuses racines. Elle s’explique en partie par le soulagement.
Celui de l’âme, après le travail intérieur intensif de Rosh haShana et Yom Kippour, ces yamim noraim, jours redoutables durant lesquels on prie pour être inscrits dans le livre de la vie.
Le jeûne des expiations passé, vient le temps de construire de drôles de cabanes, de les décorer, et de s’y installer pendant une semaine pour passer du bon temps, avec un livre ou une guitare, une grappe de raisin et les gâteaux apportés par les amis de passage, on se visite et on se reçoit les uns les autres, et on paresse sous le ciel entraperçu entre les branches de palme, sous le soleil comme à la belle étoile.
En terre d’Israël, le soulagement de l’âme est réverbéré par celui du corps, qui peut enfin passer plus de temps dehors après les grandes chaleurs de l’été et avant les pluies de l’hiver.

Oui les fêtes juives font toujours résonner le sens avec le monde, le travail intérieur avec le rythme des saisons dans la terre d’où la tradition émerge, et les cycles de la nature en Erets Yisrael deviennent à la fois les modèles et les métaphores des symboles que les rites incarneront, quitte à créer des dissonances étranges en début d’hiver new yorkais ou parisien.
Alors même si ce rapport très direct aux rythmes de la terre peut devenir invisible en diaspora, la joie de Souccot, au‐​delà du soulagement du corps et de l’âme, naît aussi de la réjouissance des récoltes que l’on rassemble à la fin de l’été, et qui donne à la fête son autre nom « hag haasif », la fête des récoltes.

« Celui qui sème dans les larmes, dans un chant de joie, récoltera », nous promet le psaume.

Le 7 octobre 2023, nous avons semé dans les larmes.
Oui j’aime à penser, que même si nous ne le savons pas encore, ce jour‐​là, nous avons porté en terre les semences d’un jour nouveau pour Israël, pour notre cœxistence avec nos voisins, et pour les Juifs dans le monde.
Nous ne connaissons peut‐​être même pas encore les graines.
Nous ne savons pas à quoi la plante va ressembler.
Mais il faudra bien qu’une telle brisure apporte des fruits nouveaux.

Alors je suis heureuse que cette année, nous ouvrions Souccot un 7 octobre.
Comme si le jour saint qui ouvrira la fête pouvait être un baume pour celui qui devait la clôturer, et qui a été noyé dans les larmes.

C’est à nous maintenant de faire que ces larmes soient fertiles.
Qu’elles aient été une semence, qu’il nous reste à arroser pour qu’elle porte ses fruits.
Croire en une telle vision est une autre définition de l’espoir, et je me sens le devoir de continuer cette tradition.

Le devoir d'espoir

Nous venons de vivre Yom Kippour, et j’aurai tant voulu ajouter au vidoui traditionnel un « al het » pour le péché d’avoir trop souvent perdu l’espoir depuis deux ans.
Trop souvent, je n’ai pas cru que nombre de ceux qui sont revenus reviendraient.
Je me souviens que lorsque les petites (les taspitaniot) ont été libérées, au fond de ma joie, il y avait un léger voile de honte : j’avais cru qu’elles ne reviendraient pas.
Dans mon cœur, j’avais abandonné l’espoir.
Je les avais abandonnées.

La Hatikva ne nous parle‐​t‐​elle pourtant pas d’un espoir de deux mille ans dont rien ne semble pouvoir venir à bout ?
J’ai parfois l’impression que, trop souvent lors de cette guerre, j’ai trahi l’ethos de mon peuple.
« Lo lehitiaesh », ne pas désesperer, martelait pourtant Rabbi Nahman.

Aujourd’hui même où j’écris ces lignes, l’espoir se réveille en nous, alors que de nouvelles négociations sont en cours, pour peut‐​être, enfin, une libération des otages restants.
Mon cœur, comme celui, j’en suis sûre, de beaucoup d’entre vous, est partagé entre un espoir timide, et la peur d’être déçu qui le fait taire.

Comment oser croire en prenant le risque de voir ses espoirs déçus ?
C’est pourtant là l’art de le la emouna, la « foi » selon la tradition juive.
Ma sœur, mon maître, Etty Hillesum, l’écrivait bien dans son journal : « Toi qui prétends croire en Dieu, sois un peu logique, abandonne-toi à sa volonté et aie confiance. Tu n’as donc pas le droit de t’inquiéter du lendemain », écrivait celle qui savait pourtant que le lendemain était moins que certain.
Oui l’espoir juif, c’est oser croire que tout est possible, sans aucune exigence de résultat, mais simplement s’abandonner à ce que la vie aura décidé.
Cela ne veut pas dire ne pas faire notre hishtadlout – ne pas faire tout notre possible. Mais d’un endroit où nous savons que le résultat final n’est pas entre nos mains.

Les secondes tables

Aujourd’hui, alors que l’on s’apprête à allumer, pour la deuxième fois après le 7 octobre, les bougies de la fête de Souccot, je me vois partagée entre espoir et peur d’être déçue, entre cœur brisé et désir de continuer, ne serait‐​ce que par résistance, à choisir la joie.
Je me souviens de ce jeune soldat amputé qui avait dit lors d’une émission de télévision que, paradoxalement, aujourd’hui, il était beaucoup plus heureux. Bien sûr qu’il avait ses moments de yerida – de descente dans la souffrance, handicapé à jamais. Mais le fait d’avoir échappé à la mort lui avait appris à apprécier une vie qu’il avait jusqu’à présent prise pour acquise. Et le fait d’avoir été privé d’une partie de lui‐​même lui avait appris à apprécier ce qu’il avait, et qu’il avait pris jusque‐​là pour acquis.
Oui la brisure l’avait ouvert au choix d’apprécier ce qui était, l’avait ouvert à la joie.

J’ai toujours vu le commentaire talmudique sur les tables brisées comme une leçon sur la didactique des cicatrices : les tables brisées qui, nous dit le Talmud (Berakhot 8n), accompagnent les nouvelles tables dans l’Arche sainte, sont souvent vues comme un rappel que l’on porte en nous les marques de nos expériences, comme autant de rappels de ce qui nous a fait grandir, autant que d’appels à la prudence pour ne pas retomber dans les mêmes erreurs.

Aujourd’hui, alors que je m’apprête à entrer dans la fête de la joie avec un cœur en partie brisé, et un cœur qui décide de choisir la joie, les deux jeux de tables prennent un autre sens pour moi. Je vois soudain les anciennes, les brisées, et celles de la nouvelle alliance, de manière synchrone : elles symbolisent la brisure qui est là, et que je choisis de ne pas dénier, et la joie qui est là en même temps, et que je choisis de cultiver.
Oui nous pouvons vivre avec ces deux cœurs : un cœur brisé et un cœur éveillé, un cœur parfois désespéré et un cœur qui espère encore.

À Souccot, comme chaque année, on priera pour la pluie.
Oui nous pouvons faire de ce Souccot du 7 octobre, une fête de la joie choisie nourrie de notre humilité et de notre espoir, et prier que les « rivières dans le désert » dont nous parle le chant des degrés, symbolisant le retour des prisonniers, en soit l’annonce. Nous pouvons faire de ce Souccot du 7 octobre un nouveau chant de remontée, priant pour que l’eau de Vie puisse enfin stopper la brûlure dans la chair de nos âmes, et choisissant de croire que nous pourrons récolter la joie, justement parce que nous avons semé dans les larmes.

À nous de choisir d’arroser les graines.